Les forces de l'ordre sont intervenues jeudi pour libérer les entrées du port de Marseille, paralysées depuis mardi par les marins CGT grévistes de la SNCM, nouveau durcissement dans ce conflit qui dure depuis le 31 janvier.
Les deux passes, sud et nord, du port ont été dégagées vers 07H30 par 600 à 700 membres des forces mobiles, dont des hommes du GIPN, en vertu d'une ordonnance d'expulsion délivrée par le juge des référés du tribunal administratif de Marseille.
"Une décision difficile mais nécessaire", a dit le secrétaire d'Etat aux Transports, Thierry Mariani.
Quinze marins de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM) ont été interpellés lors de l'opération. Placés en garde à vue, ils ont été remis en liberté vers 17H00 sans aucune charge retenue contre eux à ce stade.
Une grève de "solidarité" a été lancée après leur arrestation sur l'ensemble du port. Après la libération des marins, les dockers reprenaient le travail à Fos-sur-mer mais les agents des bassins Est à Marseille protestaient toujours contre la présence des forces de l'ordre sur le port.
La CGT a "condamné fermement l'usage de la force" et "exigé l'ouverture de réelles négociations".
"Des dizaines de CRS ont envahi le port afin d'apporter le message de l'Etat... à grands coups de matraques et de gaz", a ironisé le réprésentant CGT à la SNCM, Frédéric Alpozzo.
Le déblocage du port ne met pas fin au bras-de-fer qui oppose depuis plus de cinq semaines les marins CGT et la direction de la SNCM. Réunis à bord du Monte d'Oro, un des cinq bateaux de la compagnie retenus à quai, les marins ont voté à la mi-journée la reconduite de ce mouvement.
En fin d'après-midi, une délégation de six représentants CGT des professions portuaires a été reçue pendant près d'une heure à la préfecture, devant laquelle environ 200 marins et militants de la CGT s'étaient rassemblés. Aucune annonce n'a été faite à l'issue de la réunion.
Le président du directoire de la SNCM, Gérard Couturier, a renouvelé "une invitation permanente" à négocier pour mettre fin à un conflit qui a déjà coûté, selon lui, sept millions d'euros à la compagnie.
A l'origine du mouvement initié par la CGT (majoritaire) et le SAMMM (Syndicat autonome des marins de la marine marchande), figure la diminution du nombre des rotations entre Nice et la Corse, avec le non-remplacement d'un navire à grande vitesse, le "Liamone".
Les grévistes sont convaincus que la mesure cache une volonté de démanteler la compagnie avec un désengagement possible de l'actionnaire principal Veolia (66%). Des affirmations qualifiées de "mensonge" par M. Couturier qui a écarté tout plan social.
"Pour compenser les rotations manquantes au départ de Nice, nous avons augmenté l'offre depuis Marseille" et le programme 2011 permet de maintenir le trafic avec "légèrement plus de rotations" qu'en 2010 sur les neuf bateaux de la compagnie, a-t-il dit.
Ces affirmations restent insuffisantes pour la CGT qui réclame l'intervention de l'Etat (25% du capital, les 9% restant étant réservés aux salariés) dans les négociations.
"Nous voulons les ministres de tutelle, avec l'actionnaire Veolia, autour de la table, avec les syndicats grévistes pour faire la transparence sur la suppression des navires (...) et apporter les garanties sociales et industrielles pour l'avenir de la SNCM et de ses salariés", a déclaré M. Alpozzo.
M. Couturier, rétorquant que les négociations ne peuvent être "que le fait de la direction", a invité M. Alpozzo à interroger les actionnaires sur leurs intentions lors d'un conseil de surveillance mardi.