Plus d'un tiers des Français (35%) ne sont pas partis en vacances l'an dernier, dont une moitié par manque de moyens financiers, selon une étude BVA pour l’Agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV) publiée mardi.
1,9 million de Français, soit 12% des non-partants, n'ont jamais fait leurs valises pour passer quelques nuits en dehors de leur domicile. Et 33% des non-partants n'ont jamais goûté aux vacances lorqu'ils étaient enfants.
41% des Français qui ne partent pas ont un revenu inférieur à 1.500 euros nets par mois, 31% d'entre eux vivent en milieu rural et 27% ont plus de 65 ans. 46% des non-partants n'ont jamais utilisé l'internet, contre 23% pour les partants.
Si le taux de non-départ est resté quasiment inchangé par rapport à une étude TNS Sofres sur 2007 (36%), la crise économique devrait contribuer à freiner davantage les projets d'évasion à l'avenir.
"Le phénomène de non-départ" connaît "une aggravation récente qui devrait aller en s'accentuant au cours des prochaines années", redoutent les professionnels du milieu associatif interrogés dans le cadre de l'enquête.
"Les comités d'entreprise sont plus sollicités que par le passé par les salariés pour apporter une aide au départ à travers les chèques-vacances", signe de "craintes pour le pouvoir d'achat", a déclaré à l'AFP Philippe Kaspi, directeur général de l'ANCV.
Sur les quatre premiers mois de l'année, le volume d'émission des chèques-vacances s'est accru de 8%, et ce taux grimpe à 10% pour ceux qui ont été acquis par les comités d'entreprise.
"Pour les gens qui ont l'habitude de partir chaque année en vacances, le fait de ne plus partir c'est extrêmement brutal, c'est quasiment perçu comme un déclassement. Ils essaieront à tout prix de préserver la capacité à partir", a expliqué M. Kaspi.
Mais les freins au départ ne sont pas seulement d'ordre financier: 34% évoquent des raisons familiales ou personnelles (enfants en bas âge, maladie), 24% citent l'isolement social (ils n'ont personne avec qui partir) et 23% des contraintes professionnelles.
29% des non-partants assurent que c'est un "choix délibéré". Derrière cette affirmation se cache parfois "l'isolement social", selon Philippe Kaspi: "les gens ne veulent pas avouer qu'ils ne se sentent pas en mesure de partir seuls".
Quelque 3 millions de salariés bénéficient de chèques-vacances, soit 7,5 millions de personnes en incluant les ayants droit. L'ANCV a émis en 2008 des chèques pour un montant de 1,2 milliard d'euros, en hausse de 8%.
Une réforme qui devrait entrer en vigueur à la rentrée doit permettre à davantage de salariés des petites entreprises de moins de 50 salariés d'avoir accès aux chèques-vacances.
En 2008, seuls 33.000 salariés d'entreprises de moins de 50 salariés ont bénéficié de chèques-vacances. L'ANCV s'est fixé comme objectif de porter ce nombre à 500.000 d'ici deux ans.
L'étude a été menée par BVA fin octobre/début novembre auprès de 2.984 personnes de 18 et plus représentatives de la population lors d'entretiens téléphoniques.