La Société Générale a vu son bénéfice fondre en 2009, plombé par les pertes de son portefeuille d'actifs à risque, un résultat qui contraste avec la bonne santé insolente de sa grande rivale BNP Paribas malgré la crise.
Au terme d'un exercice marqué par une perte au premier trimestre et deux avertissements sur résultats, la deuxième banque française en termes de capitalisation a vu son bénéfice net divisé par trois, à 678 millions d'euros.
Une année chaotique, que la Société Générale a traversée avec un boulet au pied, son portefeuille d'actifs risqués hérité de la crise, qui a encore englouti 4,2 milliards d'euros.
Après avoir nettement relevé ses hypothèses de pertes sur ce portefeuille et provisionné en conséquence, la banque n'attend plus de mauvaise surprise en 2010, même si elle doit encore provisionner 700 millions d'euros à ce titre cette année.
"Les pertes sur ces actifs devraient être nettement moindres qu'en 2009", considère ainsi Jon Peace, analyste de Nomura.
Plusieurs analystes se sont aussi émus de l'augmentation des impayés en fin d'année dans son activité de banque de détail. La banque n'attend une embellie sur ce front qu'au deuxième semestre 2010.
Ces résultats "ne font que poursuivre une tendance observée depuis plusieurs trimestres", constate Pascal Decque, analyste de Natixis.
En outre, les "publier le lendemain de BNP Paribas, qui a plutôt surpris très agréablement le marché, cela contraste franchement", relève-t-il.
A la faveur de la crise, il semble en effet que l'écart se creuse entre les deux grands rivaux, qui s'observent à distance depuis leur duel légendaire de 1999, qui avait vu BNP l'emporter sur Société Générale et absorber Paribas.
Avec un bénéfice presque doublé et près de huit fois supérieur à celui de Société Générale, BNP Paribas a terminé en fanfare l'année 2009, marquée par l'une des plus belles affaires de ces dernières années, le rachat de la belgo-néerlandaise Fortis à prix bradé.
Pour couronner le tout, la banque pilotée par le tandem Baudouin Prot- Michel Pébereau n'a quasiment aucun actif toxique.
En sanctionnant lourdement la Société Générale (lanterne rouge du CAC 40 jeudi avec une baisse de 6,52%), alors qu'elle avait salué la veille la performance de BNP Paribas, la Bourse de Paris ne s'y est d'ailleurs pas trompée.
Après deux années difficiles, entamées avec l'affaire Kerviel en 2008, la Société Générale a pourtant fait amende honorable: elle s'est réformée en profondeur, tirant un trait sur son image de joyau mondial de la finance de marché et réduisant son exposition au risque.
Intronisé comme seul capitaine de la banque au printemps dernier dans un contexte très difficile, Frédéric Oudéa a fait prendre un virage à la Société Générale et voulu réorienter la banque vers ses clients.
Pour peaufiner cette nouvelle image, il a aussi fait un geste symbolique jeudi, en renonçant à son bonus et à ses stock-options, alors que ses équipes de marché vont percevoir 250 millions d'euros de rémunération variable.
Mais la Société Générale n'a pu encore tirer de bénéfices évidents de cette politique.
Son PDG compte ainsi beaucoup sur un "fort rebond" de ses résultats en 2010, une prévision semble-t-il confortée par les chiffres des premières semaines de l'année.
"Après avoir fait deux avertissements sur résultats en 2009, ils ne peuvent qu’espérer rebondir en 2010", ironise un analyste, sous couvert d'anonymat.