La Birmanie a adopté vendredi une loi censée favoriser l'afflux de capitaux étrangers dans ce pays riche en ressources naturelles mais sous-exploité pendant des décennies en raison des sanctions qui frappaient l'ancienne junte militaire.
"La loi sur l'investissement étranger a été adopté par le Parlement", a annoncé Soe Yin, un élu de la majorité réformatrice.
Objet d'âpres débat entre réformateurs et conservateurs, le texte lève un certain nombre d'obstacles à l'investissement dans les secteurs de l'agriculture, de la pêche, de l'industrie et du tourisme.
Depuis la dissolution de la junte en mars 2011, le gouvernement dit "civil" de l'ancien général Thein Sein a multiplié les réformes, libérant des centaines de prisonniers politiques et permettant notamment l'élection comme députée de l'opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
Le président Thein Sein s'est ensuite engagé à faire de l'économie sa priorité lors d'une deuxième vague de réformes en répondant à l'intérêt de grandes compagnies internationales après la levée de sanctions américaines et européennes qui ont longtemps entravé le développement de la Birmanie.
Mais Thein Sein s'est heurté aux résistances de responsables conservateurs et d'hommes d'affaires liés à l'ancienne junte, omniprésents dans l'économie birmane, et dont l'influence reste significative.
Ils s'opposaient depuis plusieurs semaines au contenu de la loi sur l'investissement étranger qu'ils jugeaient trop libérale et défavorables aux petites et moyennes entreprises (PME).
Ils s'inquiétaient en particulier du seuil minimum de 5 millions de dollars imposés aux investisseurs étrangers pour obtenir leur ticket d'entrée sur le marché birman, tout en leur interdisant de contrôler plus de 49% du capital d'une entreprise locale.
Cette disposition, faisait-il valoir, obligeait leurs partenaires locaux à trouver plus de 5 millions de dollars, une gageure pour la plupart des PME du pays.
"Nous ne devrions pas craindre les investisseurs étrangers", a plaidé Soe Yin. "Tous les pays maintiennent un certain degré de protectionnisme (...) mais certains sont trop peu confiants dans la compétitivité de leurs entreprises", a-t-il ajouté.
Riche en hydrocarbures, en minerais et en pierres précieuses, la Birmanie est idéalement située, entre Inde et Chine.
Avec l'ouverture progressive à la concurrence, l'injection attendue de milliards de dollars dans l'appareil productif et financier, le secteur minier, le pétrole ou le gaz, le président Thein Sein vise une croissance annuelle de 7,7% sur cinq ans.
La Banque asiatique de développement (BAD) prévoit de son côté une croissance de 6% cette année et 6,3% l'année prochaine, soit une accélération nette après les 5,5% de 2011 et les 4,9% obtenus en moyenne les quatre années précédentes.
Pour Romain Caillaud, directeur du bureau birman de la société de conseil Vriens and Partners, la loi adoptée vendredi par le parlement birman "est de nature à donner confiance aux investisseurs étrangers".
Mais "elle s'inscrit dans un long processus de réforme du cadre juridique des investissements", rappelle-t-il, soulignant également "les problèmes structurels (qui) persistent, comme le manque d'infrastructure et d'électricité et les problèmes de compétence dans la bureaucratie".
La Birmanie avait lancé en avril sa première grande réforme économique en adoptant un nouveau système de change flottant contrôlé, considéré comme une étape essentielle pour relancer une économie paralysée par la cohabitation de multiples taux de change.
Cette semaine le géant de la carte bancaire MasterCard a annoncé avoir signé un accord avec les autorités birmanes dans l'espoir de permettre d'ici peu les paiements électroniques dans un pays encore presque exclusivement dominé par l'argent liquide.