Enel va donner le coup d'envoi lundi de l'introduction en Bourse de sa division énergies renouvelables Enel Green Power, une opération, destinée à réduire la dette du géant italien, qui sera l'introduction en Bourse la plus importante en Europe depuis fin 2007.
Alors que la chute des marchés provoquée par la crise a stoppé net de nombreux projets d'introduction en Bourse, l'issue de cette opération sera surveillée de près par les investisseurs.
Enel a annoncé vendredi qu'Enel Green Power était valorisée entre 9 et 10,5 milliards d'euros - le prix de l'action ayant été fixé entre 1,8 et 2,1 euros - ce qui fait de son introduction en Bourse la plus importante en Europe depuis celle de l'espagnol Iberdrola Renovables fin 2007.
L'opération démarre lundi pour s'achever le 29 octobre en vue d'une cotation à Milan et Madrid le 4 novembre. Les dirigeants d'Enel la présenteront lundi à 09H30 GMT à Milan.
85% des titres sont réservés aux investisseurs institutionnels et 15% aux particuliers.
L'offre porte initialement sur 28,3% du capital d'Enel Green Power mais peut monter jusqu'à 32,5% si l'intégralité de l'option est souscrite. Si cette option est souscrite, Enel lèvera donc entre 2,9 et 3,4 milliards selon le prix d'introduction.
De l'argent frais qui servira à réduire sa dette qui a explosé sous l'effet de la prise de contrôle totale l'an dernier de l'espagnol Endesa.
La cession de cette part minoritaire d'Enel Green Power fait partie d'un programme plus large de vente d'actifs pour faire reculer la dette d'Enel à 45 milliards à la fin de l'année contre 50,87 milliards d'euros en 2009.
Afin d'attirer les investisseurs, le directeur général d'Enel, Fulvio Conti, a promis que la politique de dividende d'Enel Green Power serait "généreuse" avec un taux de distribution aux actionnaires de 30%.
Enel offrira par ailleurs une action gratuite pour 20 actions détenues aux investisseurs qui conserveront leurs titres pendant un an.
Fondé en 2008 par Enel pour regrouper tous ses actifs dans les énergies renouvelables, de l'hydroélectricité à l'éolien en passant par le solaire et la géothermie, Enel Green Power est un des plus gros groupes du secteur.
Présent dans seize pays, il a une capacité installée de plus de 5.700 mégawatts qu'il compte faire passer à 9.200 mégawatts en 2014 en investissant plus de 5 milliards d'euros.
Sur le plan financier, son bénéfice net a progressé de 13,4% à 253 millions d'euros au premier semestre tandis que son résultat brut d'exploitation (Ebitda) est resté stable à 651 millions d'euros et que son chiffre d'affaires a augmenté de 10,5% à 1,039 milliard.
L'Ebitda devrait progresser à 2,1 milliards en 2014 contre 1,2 milliard en 2009.
Mais l'avenir n'est toutefois pas sans nuages pour le secteur dont la croissance ne devrait pas retrouver ses niveaux d'avant la crise, prévient Colette Lewiner, directrice énergie du cabinet Cap Gemini.
"Il y aura une croissance mais elle sera plus faible, ce ne sera pas le boom des années 2007-2008" à cause des baisses des aides publiques, d'une situation économique incertaine et d'une tendance de fond à un ralentissement de la croissance de la demande d'énergie, juge-t-elle.
Mais Fulvio Conti, confiant sur les perspectives du secteur, assure que "les énergies renouvelables constituent un progrès pour tous" et que "la technologie progresse", faisant en sorte que "ce qui n'est pas rentable aujourd'hui, le sera demain".
A la Bourse de Milan, Enel cédait 1,13% à 3,925 euros vers 14H30 GMT, dans un marché en baisse de 0,61%.