Le constructeur aéronautique américain Boeing a reçu jeudi de l'indonésienne Lion Air la plus grosse commande de l'aviation civile et sa deuxième commande record en moins d'une semaine, confirmant que sa santé retrouvée repose sur la montée en puissance des compagnies asiatiques.
Lion Air va acquérir 230 Boeing moyen courrier 737 pour près de 22 milliards de dollars, dont 201 737 MAX, dernière version en date de son avion régional best-seller, remotorisée et plus économe en carburant.
Boeing affiche aujourd'hui quelque 700 engagements d'achat pour le 737 MAX, dont les premières commandes devraient être honorées à partir de 2017.
La commande de Lion Air, une compagnie à bas coûts créée en 1999 et devenue le premier transporteur aérien privé d'Indonésie, est assortie d'une option pour 150 avions supplémentaires estimée à 14 milliards de dollars, portant virtuellement la commande à environ 35 milliards de dollars.
Le gigantisme de ces commandes "montre que le marché de l'aviation va bien, et c'est un secteur où nous allons continuer à voir de la croissance", a commenté Wilson Chow, porte-parole de Boeing interrogé par l'AFP.
Le géant américain, principal concurrent de l'européen Airbus, profite ainsi du boom de l'industrie du transport aérien en Indonésie, immense archipel de 240 millions d'habitants où la croissance économique dépasse 6% par an.
Lion Air opère essentiellement en Indonésie mais dessert aussi Singapour, la Malaisie, le Vietnam et l'Arabie Saoudite. Elle possède une flotte d'une cinquantaine d'appareils, essentiellement des Boeing 737.
Boeing bat ainsi son précédent record, enregistré il y a seulement 4 jours: dimanche, la compagnie Emirates avait annoncé une commande de 50 long-courriers 777 pour 18 milliards de dollars, assortie d'options pouvant relever le montant de la commande à 26 milliards de dollars.
C'est encore Emirates qui détenait jusque-là le record de la plus grosse commande du secteur: elle avait été passée en 2007 auprès du rival de Boeing, l'européen Airbus, pour 20 milliards de dollars.
"Le secteur aérien est divisé en deux, entre des compagnies asiatiques et du Moyen-Orient en plein boom, et des compagnies historiques en Europe et aux Etats-Unis qui ont connu une petite reprise après la crise et qui se maintiennent à présent", remarque Richard Aboulafia, analyste de Teal Group, interrogé par l'AFP.
M. Chow souligne que les prévisions du groupe vont dans le sens d'une "croissance de 7% par an du trafic aérien en Asie-Pacifique en incluant la Chine".
Mais les compagnies du Moyen-Orient, elles, grandissent surtout aux dépens de leurs concurrentes européennes et américaines: "ce n'est pas la croissance du trafic local qui permet d'aligner des commandes de cette amplitude", fait valoir Richard Aboulafia.
Les transporteurs des Emirats et du Qatar "gagnent de l'argent, achètent des avions et prennent des parts de marché à Air France-KLM, Lufthansa, British Airways et les autres", ajoute-t-il.
Cette demande qui s'accélère est de bon augure pour Boeing, qui a déjà publié un bénéfice en hausse de 31% pour le troisième trimestre, même si son talon d'Achille, les difficultés de production de ses nouveaux avions, les gros porteurs 787 et 747-8, n'ont pas disparu.
"Les constructeurs n'ont pas connu la crise en termes de demande et de chiffre d'affaires", leurs problèmes sont des "blessures qu'ils se sont infligées à eux-mêmes", avec leurs problèmes techniques et retards de production à répétition, estime M. Aboulafia.
A la date de mercredi, Boeing avait enregistré depuis le début de l'année 26 annulations nettes de 787, un programme victime de délais de livraisons de plus de trois ans et demi en retard sur le calendrier initial.
La compagnie Air France-KLM a toutefois annoncé en septembre la commande de 25 avions 787-9, même si ce n'est pas encore signé.