Les banques ont de nouveau durci leurs conditions de crédit dans la zone euro au troisième trimestre, mais une amélioration se dessine grâce à un redressement du secteur bancaire, selon une étude de la Banque centrale européenne (BCE) parue mercredi.
Une courte majorité des 118 banques participant au sondage trimestriel de la BCE ont déclaré avoir rendu l'accès au crédit plus difficile à leurs clients industriels: le taux net s'élève à 8% au troisième trimestre, contre 21% au deuxième et 43% au premier.
Pour les crédits immobiliers aux particuliers, ce taux net --la différence entre les banques ayant resserré leurs conditions et celles qui les ont allégées-- s'élève à 14%, ce qui est là aussi nettement mieux qu'au printemps (22%). L'évolution est similaire dans le domaine du crédit à la consommation.
L'enquête "traduit un certain soulagement dans la situation des banques au troisième trimestre ce qui reflète la normalisation en cours des conditions du marché", juge la BCE.
La situation des banques, notamment au niveau de leur liquidité disponible, s'est nettement améliorée, de même que leur accès à des refinancements, notamment sur les marchés monétaires et les marchés obligataires.
Et la tendance à l'embellie va se poursuivre au quatrième trimestre. Les conditions du crédit devraient même en moyenne légèrement se détendre, selon la BCE, dans le sillage aussi de la reprise économique espérée.
Si la BCE voit dans ces chiffres la confirmation d'un "tournant" vers des conditions plus favorables, elle met aussi en garde contre tout excès d'optimisme. "Le resserrement cumulé (des standards du crédit) pendant les turbulences financières n'a pas encore commencé à se résorber et reste considérable", lit-on dans l'étude.
La veille, la BCE avait aussi annoncé que l'octroi de prêts par les banques avait reculé, de 0,3%, en septembre sur un an, du jamais vu en zone euro depuis l'établissement de ces statistiques en 1992.
La nouvelle avait alimenté les craintes d'une pénurie du crédit et de ses dommages potentiels sur une reprise qui s'annonce déjà laborieuse.
Le dernier sondage de la BCE "suggère que le pire de la période de resserrement du crédit est probablement passé", résume Ben May, de Capital Economics. Mais cela prendra du temps avant que la situation se détende franchement.
Car les banques sont loin d'être sorties de l'ornière, et leurs provisions pour risques montent en flèche en raison de l'augmentation des crédits douteux.
"Il va y avoir des pertes sur crédits. Cela m'inquiète, car ces pertes vont toucher un système bancaire affaibli" par la crise, estime ainsi le président de la fédération des banques allemandes (BdB) Andreas Schmitz dans un entretien à l'hebdomadaire Die Zeit à paraître jeudi.