Les chiffres de l'inflation et de la construction de logements publiés mercredi aux Etats-Unis illustrent les défis qui se posent à la reprise américaine alors que la banque centrale s'efforce par tous les moyens de stimuler l'activité et la hausse des prix.
Malgré une légère accélération des prix à la consommation en octobre, l'inflation de base n'a jamais été aussi faible dans l'histoire récente du pays, selon les données du département du Travail.
L'indice des prix à la consommation a augmenté de 0,2% par rapport au mois précédent, après avoir progressé de 0,1% en septembre, a indiqué le ministère. En glissement annuel, la hausse des prix s'est légèrement accélérée, à 1,2%, mais reste inférieure au niveau jugé souhaitable par la banque centrale (Fed).
Qui plus est, l'inflation de base a suivi sa tendance de baisse observée depuis le début de l'année. Elle est tombée à 0,6% sur un an, du jamais vu dans les annales du ministère, qui remontent jusqu'à 1957 pour cet indicateur.
Les indicateurs de la construction de logements du ministère du Commerce ont montré une chute des mises en chantier de 11,7% en octobre par rapport au mois précédent.
Les départs de chantiers sont ainsi tombés à leur niveau le plus faible en dix-huit mois, tandis que les permis de construire n'augmentaient que de 0,5% et se stabilisaient non loin de leur record de faiblesse.
Se raccrochant à la hausse des autorisations de bâtir des maisons individuelles (+1,0%) constatée après six mois de baisse, plusieurs analystes en sont réduits à espérer une nouvelle fois que les choses finiront bien par s'arranger dans les mois à venir.
Le marché du logement est à l'origine de la dernière crise et sa reprise sur des bases viables passe pour être une condition sine qua non au retour d'une croissance économique durable aux Etats-Unis.
Après la publication de statistiques encourageantes sur l'emploi, l'activité économique d'ensemble et la confiance des consommateurs depuis le début du mois, les chiffres de mercredi rappellent l'étendue des progrès que doit encore accomplir l'économie américaine pour se rétablir totalement.
La Fed a annoncé début novembre qu'elle comptait injecter 600 milliards de dollars de liquidités supplémentaires dans l'économie d'ici à la fin juin.
Elle a commencé à mettre en oeuvre vendredi ce nouvel assouplissement monétaire en rachetant des obligations du Trésor américain, afin de faire baisser un peu plus les taux d'intérêt à long terme.
Le but annoncé par la banque centrale est de stimuler l'activité en abaissant encore le coût du crédit afin de hâter la reprise, en particulier celle de l'emploi, et de contrer la tendance à la désinflation, dont elle craint qu'elle puisse dégénérer en une déflation aux effets dévastateurs.
Pour Brian Bethune, économiste du cabinet IHS Global Insight, l'indice des prix à la consommation "valide la décision récente de la Fed", dont un des dirigeants, Eric Rosengren, a estimé mercredi qu'il faudrait peut-être injecter plus que les 600 milliards de dollars prévus.
John Lonski, économiste en chef de l'agence Moody's, redoute lui que le retour des craintes relatives à la solvabilité de certains Etats européens comme l'Irlande n'inflige "plus de dégâts aux marchés financiers américains" qu'au printemps, au pic de la crise grecque.
Vu la dépendance de l'économie américaine aux marchés, cela risquerait selon lui de ralentir "sensiblement l'activité" aux Etats-Unis et d'y faire baisser encore les prix du logement.