par Cyril Camu
PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste a décidé lundi de faire battre Marine Le Pen le 7 mai sans pour autant proposer d'alliance à Emmanuel Macron pour les législatives, au lendemain de la défaite historique de Benoît Hamon au premier tour de l'élection présidentielle.
L'appel du candidat socialiste à voter pour Emmanuel Macron a été renouvelé par le Premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis, après un Bureau national organisé lundi. "Sans conditions, comme nous l'avons fait pour Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen" en 2002, a-t-il dit à la presse.
"Le programme de Madame Le Pen ne prévoit pas uniquement une sortie de l’Europe mais aussi une sortie de notre République", a averti Jean-Christophe Cambadélis avant d'annoncer que le PS allait imprimer 4 millions de tracts pour faire campagne contre la présidente du FN. "Marine Le Pen présidente, ça, jamais."
François Hollande, chef du PS pendant onze ans, est également descendu dans l'arène en appelant à voter pour Emmanuel Macron, qui a viré en tête dimanche, avec des mots très forts sur la menace que représenterait le FN.
Du côté de l'aile gauche du parti, Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, souligne que le PS ne propose "pas d'alliance à Emmanuel Macron".
"Pas de chèque en blanc", abonde Jérôme Guedj, porte-parole de Benoît Hamon pendant la campagne. "Macron c'est la droite", conclut Gérard Filoche, membre du Bureau national.
Arnaud Montebourg a apporté lundi après-midi son soutien à son successeur à Bercy. "J'appelle à combattre et rejeter Mme Le Pen" a-t-il écrit sur Twitter.
Le gouvernement, qui s'est réuni autour du Premier ministre Bernard Cazeneuve, a lui aussi apporté un soutien "sans conditions" au candidat d'En Marche! "pour battre Marine Le Pen", a-t-on appris à Matignon.
Quant aux élections législatives, "c'est au PS de mettre en place son dispositif. Si le Premier ministre est appelé à aider, il le fera", a-t-on ajouté.
Jean-Christophe Cambadélis s'est refusé quant à lui à évoquer les scrutins des 11 et 18 juin et l'avenir du Parti socialiste. "Le temps de l'explication de cette défaite viendra, mais pas maintenant", a-t-il commenté devant la presse.
ELECTION EN QUATRE TOURS
Devant les grilles du siège du PS, certains ténors socialistes ont parlé d'une "élection en quatre tours".
"Nous nous battrons avec nos idées pour rassembler les socialistes et l'ensemble de la gauche", dit le député Jean-Marc Germain.
L'avenir du Parti socialiste reste en suspens. Lundi matin, Manuel Valls a indiqué sur France Inter souhaiter gouverner avec Emmanuel Macron dans une future majorité.
"Nous devons être prêts à le soutenir, à l'aider, à participer à cette majorité", a déclaré l'ancien Premier ministre.
Au siège du PS, le cas Valls divise. Pour le député Olivier Dussopt, qui a été son porte-parole à la primaire, Manuel Valls a "évidemment sa place" au sein du PS.
Au contraire, le député Christian Paul estime que "ce n'est pas la gauche qui est irréconciliable mais peut-être Manuel Valls qui n'est plus conciliable avec la gauche".
"Ce n'est pas maintenant qu'on va couper des têtes", tempère Yann Galut au sujet des socialistes qui ont rejoint En Marche.
Pour le député du Cher, les résultats de dimanche sont un "big bang". "Il va y avoir une recomposition et elle aura lieu après les législatives."
Le bureau national du Parti radical de gauche (PRG) réuni lundi a lui aussi appelé à voter Macron et a proposé au candidat d'En Marche ! "de construire une coalition autour de lui pour gouverner la France".
Le PRG, qui avait appelé à voter pour le candidat du PS Benoît Hamon au premier tour de scrutin de la présidentielle, fait part, dans un communiqué, de son "inquiétude" face au score "historiquement haut" de la candidate du Front national.
A l'Assemblée, le groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste (RDDP) compte 18 députés dont 12 radicaux de gauche. Au Sénat, le groupe du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE) compte 17 membres dont une douzaine de radicaux de gauche.
(Avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)