BRUXELLES (Reuters) - Vivendi (PA:VIV) a obtenu mardi le feu vert de la Commission européenne à son projet de prise de contrôle de Telecom Italia (MI:TLIT) après s'être engagé à vendre la participation majoritaire de l'opérateur télécoms italien dans Persidera, un fournisseur d'accès aux réseaux terrestres numériques pour la diffusion de chaînes de télévision.
L'exécutif européen craignait qu'avec la prise de contrôle de Telecom Italia, dont Vivendi est le premier actionnaire avec une participation de près de 24%, le groupe français ne soit en mesure d'augmenter les prix facturés aux chaînes de télévision en Italie pour cet accès aux réseaux numériques terrestres.
Vivendi a renforcé ce mois-ci son emprise sur l'ancien monopole de la téléphonie en Italie en désignant 10 des 15 administrateurs de l'opérateur.
Le groupe avait également pris en 2016 une participation de 29% dans le télédiffuseur italien Mediaset, contrôlé par la famille de l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, suscitant des inquiétudes en Italie sur l'influence grandissante du groupe français sur les entreprises de la péninsule.
"Afin de résoudre les problèmes de concurrence recensés par la Commission, Vivendi s'est engagée à céder la participation de Telecom Italia dans Persidera", écrit l'exécutif européen dans un communiqué.
Selon des analystes, la cession de Persidera, dont la valeur comptable était indiquée à 138 millions d'euros dans le dernier rapport annuel de Telecom Italia, est loin d'être acquise, sachant que ses propriétaires n'ont pas réussi à trouver d'acquéreur offrant des conditions acceptables dans le passé.
Telecom Italia détient 70% du capital de Persidera et le solde appartient au groupe de médias GEDI.
Telecom Italia n'était pas joignable dans l'immédiat. Vivendi a dit qu'il n'avait aucun commentaire à formuler pour l' moment. Gedi a refusé de commenter.
Les actions Telecom Italia (-1,89%) et Vivendi (-0,64%) ont faiblement réagi mardi à l'annonce, les traders soulignant que le marché avait déjà pris en compte le fait que Vivendi contrôlait de facto le groupe italien de télécommunications.
Selon des sources, le groupe français aurait dû en toute logique placer son président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, à la présidence de Telecom Italia, lors du renouvellement du conseil au début du mois, mais le groupe italien a finalement confirmé Giuseppe Recchi à ce poste en attendant la décision e la Commission européenne.
Les investisseurs s'inquiètent davantage de l'impact d'une enquête menée par le régulateur italien sur le projet de Vivendi visant à créer un empire médiatique en Europe du Sud.
L'autorité italienne du secteur des communications (Agcom) a ordonnée mi-avril à Vivendi de réduire sa participation soit dans Telecom Italia, soit dans Mediaset.
L'exécutif européen a précisé mardi que sa décision n'avait aucune conséquence sur cette décision. Vivendi, qui a fait savoir qu'il se réservait le droit de faire appel de la décision de l'Agcom, a jusqu'à mi-juin pour présenter une proposition.
Certains analystes s'attendent à ce que Vivendi réduise sa participation dans Mediaset. Le français est engagé dans une bataille juridique à la suite de la remise en cause d'un accord de rachat de la télévision payante du groupe italien, accord qui devait aussi aboutir à des prises de participations croisées.
"Le véritable potentiel de valorisation de Vivendi est de réussir le redressement de Telecom Italia (...) c'est bien plus facile que de s'entendre avec Mediaset", dit Paul Marsch, analyste chez Berenberg.
(Foo Yun Chee à Bruxelles, Agnieszka Flak à Milan et Mathieu Rosemain à Paris; Bertrand Boucey, Claude Chendjou et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)