L'inflation a nettement accéléré en mars dans la zone euro, à son plus haut niveau depuis quinze mois, tandis que le chômage a atteint pour la première fois le seuil symbolique de 10% en février, selon des chiffres publiés mercredi.
L'inflation de la zone euro s'est établi à 1,5% sur un an, au plus haut depuis décembre 2008, selon une première estimation de l'office européen des statistiques Eurostat.
C'est une nette accélération par rapport à février, où elle avait atteint 0,9%. Elle avait auparavant été de 0,5% en novembre, 0,9% en décembre et 1% en janvier.
Les analystes interrogés par l'agence financière Dow Jones Newswires tablaient sur une inflation moins forte en mars, de 1,2%.
Le chiffre final est "probablement plus élevé qu'attendu par la Banque centrale européenne (BCE)", gardienne de la stabilité des prix dans la zone euro, a commenté Howard Archer, économiste à l'institut IHS Global Insight.
Mais "la banque devrait être rassurée par le fait" que "les pressions inflationnistes sous-jacentes semblent être restées douces en mars", a-t-il ajouté.
Eurostat ne donne pas encore les composantes de l'inflation, mais celle-ci devrait avoir été tirée par les prix plus élevés de l'énergie et des produits alimentaires, selon des économistes.
Les prix à la consommation avaient recommencé à augmenter en novembre dernier dans les seize pays de la zone euro, après un taux d'inflation négatif pendant cinq mois d'affilée. Un signe notamment de la reprise économique en cours mais surtout de l'évolution des prix du pétrole.
L'inflation reste cependant en dessous de l'objectif fixé par la BCE, qui vise sur le moyen terme une inflation en-dessous mais proche de 2%.
Selon d'autres chiffres publiés mercredi par Eurostat, le taux de chômage dans la zone euro a atteint le taux record de 10% en février, en légère augmentation par rapport aux 9,9% du mois précédent.
Jamais la barre des 10%, en données corrigées des variations saisonnières, n'a été atteinte depuis août 1998, selon Eurostat, qui a recalculé le chômage pour les mois précédant la création de la zone euro, en 1999.
L'office statistique avait cependant déjà indiqué dans ses premières estimations des mois de novembre et décembre 2009 que le chômage avait atteint ce seuil de 10%, avant de revoir ses chiffres en baisse.
Selon ses derniers chiffres, le chômage s'est établi à 9,8% en septembre et octobre, puis à 9,9% en novembre, décembre et janvier.
Il avait auparavant nettement augmenté du fait de la crise économique: il y a un an, en février 2009, le taux de chômage était encore de 8,8%.
Dans l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne, le taux de chômage s'est établi à 9,6% en février, en légère augmentation par rapport aux 9,5% de janvier.
En février, Eurostat a recensé 61.000 chômeurs de plus qu'en janvier dans la zone euro, ce qui porte le total à 15,749 millions. Ils étaient 23,019 millions dans l'UE, soit 131.000 personnes de plus qu'en décembre.
"La hausse du chômage a ralenti sensiblement ces derniers mois, en raison du retour à la croissance dans la région depuis le troisième trimestre 2009 et l'amélioration de la confiance des entrepreneurs", a commenté Howard Archer.
Cependant, la hausse de février "maintient l'idée que le chômage dans la zone euro est toujours sur le point d'augmenter encore pendant la plus grande partie de 2010, si ce n'est toute l'année", a-t-il dit.