Que vont devenir les salariés d'Heuliez : la question surgit à nouveau, alors que les pouvoirs publics cherchent un plan B à la reprise de l'équipementier automobile par le groupe BKC, incapable d'apporter les fonds indispensables à sa survie.
"Si BKC n'est pas capable d'apporter les 15 millions d'euros promis (..), il faut que quelqu'un prenne la place de BKC", a indiqué mercredi Jean Grellier, député PS des Deux-Sèvres.
Des discussions sur des alternatives à l'actuel plan de reprise sont en cours, rassemblant tous les acteurs du dossier, notamment le Conseil régional de Poitou-Charentes, le ministère de l'Industrie et le Fonds stratégique d'investissement (FSI), selon des sources concordantes.
Interrogés par l'AFP, ni le ministère ni le FSI n'ont souhaité commenter ces informations.
Quant au porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, il a affirmé que "le gouvernement suit de près les repreneurs qui ont accepté de s'associer dans un tour de table". "Les engagements doivent être tenus", a-t-il ajouté, suggérant au Conseil régional présidé par Ségolène Royal, personnellement impliquée depuis des mois sur le dossier, de "réagir".
"On en est pour l'instant aux prémices, (...) mais il y a des réflexions qui commencent aujourd'hui", a précisé M. Grellier, évoquant "deux ou trois" plans B, notamment sous forme de partenariats avec des "gens investis dans l'automobile" ou des fonds.
De son côté, le très contesté patron du groupe BKC (Bernard Krief Consulting), Louis Petiet, a affirmé avoir "toujours été favorable à ce qu'il y ait de nouveaux investisseurs" dans Heuliez. "On est prêt à accueillir d'autres types de partenaires", a-t-il ajouté.
"On a des contacts très variés, par zones géographiques, on a aussi des contacts d'industriels, ou des contacts financiers", selon M. Petiet, refusant d'envisager un retrait de BKC.
L'ancien consultant, devenu repreneur de sociétés industrielles en difficultés, est en délicatesse depuis plusieurs semaines, alors qu'il s'avère incapable d'apporter en cash 15 millions d'euros promis l'été dernier lors de la reprise de l'équipementier et constructeur de voitures électriques, installé à Cerizay (Deux-Sèvres).
La transaction a traîné plusieurs mois et, finalement, c'est un "titre de créance" que BKC a apporté au capital d'Heuliez, et non un versement en "cash". Conséquence, le Fonds stratégique d'investissement (FSI), créé l'an passé par l'Etat, a pour l'instant renoncé à verser les 10 millions d'euros promis.
Seul le Conseil régional de Poitou-Charentes a versé 5 millions d'euros. Un argent que l'entreprise n'a pas encore utilisé, affirme le député Jean Grellier. Il est cantonné dans les fonds propres, selon Louis Petiet.
Mais "l'entreprise ne pourra pas tenir plusieurs mois comme ça", a déclaré M. Grellier, évoquant même un assèchement possible de la trésorerie d'ici "un ou deux mois". "C'est dans les semaines qui viennent qu'il faut trouver une solution", selon lui.
Concrètement, avancer un plan B s'avère pourtant compliqué. Si Heuliez était placé en liquidation, toute la procédure auprès du tribunal de commerce serait à refaire et l'investissement financier de la Région risquerait de passer par pertes et profits. Un cas de figure inenvisageable à quelques semaines des élections régionales.