Les policiers ont perquisitionné mercredi les locaux de quatre syndicats soupçonnés d'avoir bénéficié des largesses de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) et dont les dirigeants ont affiché leur volonté de transparence.
Les sièges parisiens des fédérations de la métallurgie de FO, de la CFDT, de la CGC et de la CFTC étaient visés par la brigade financière et le juge chargé du dossier Roger Le Loire, selon une source judiciaire. Le siège de la confédération CFTC a aussi été perquisitionné.
Les perquisitions, qui ont duré neuf heures chez FO Métaux, étaient terminées peu avant 18H00, selon les syndicats qui disaient s'attendre à une visite des policiers.
Les enquêteurs cherchent à connaître la destination de 16,5 millions d'euros retirés en liquide entre 2000 et 2007 des caisses de l'UIMM sous l'autorité de son ancien président Denis Gautier-Sauvagnac (DGS). Ils privilégient la piste d'un financement de syndicats.
"Nous avons fourni toutes les pièces demandées. Ils ont regardé dans notre comptabilité, regardé les facturations" et "tout a été ouvert sans problème", a déclaré à l'AFP le président de la CFTC, Jacques Voisin.
Le président du syndicat CFE-CGC et ancien patron de sa branche métallurgie, Bernard Van Craeynest, a dit à l'AFP être "tout à fait serein" et ne pas avoir "d'inquiétudes particulières".
"D'une certaine manière, on s'en réjouit. Cela permet que l'enquête continue et de montrer que nous n'avons rien à nous reprocher", a déclaré le secrétaire général des métallos CFDT (FGMM-CFDT), Dominique Gillier.
Un mois et demi après avoir perquisitionné plusieurs syndicats étudiants, les enquêteurs cherchent à établir si ces quatre ont bénéficié de largesses indues du patronat de la métallurgie sous forme de versements en liquide ou de chèques.
Ils veulent notamment déterminer si ces fonds proviennent d'une caisse de secours mutuel de l'UIMM, l'Epim, dont la vocation était de soutenir les entreprises adhérentes ayant subi des préjudices lors de conflits sociaux.
La question est de savoir si des fonds de l'Epim versés à des syndicats correspondent à son objet social ou sont susceptibles de constituer un abus de confiance, a-t-on dit de source proche de l'enquête.
Les policiers ont ainsi retrouvé la trace de quelques dizaines de milliers d'euros versés par l'UIMM à trois des quatre syndicats visés par les perquisitions, et de quelques centaines de milliers d'euros versés à la CFTC, selon cette source.
En octobre 2008, la CFTC avait reconnu avoir reçu en septembre 2003 un chèque de 69.000 euros de l'UIMM, destiné selon Jacques Voisin, à financer des "opérations sur le dialogue social", dont les universités d'été de 2002 et 2003.
A la CFTC Métallurgie, les policiers se sont fait remettre des documents comptables ou concernant l'UIMM. Selon son patron Joseph Crespo, ces pièces correspondent à "des échanges de courriers et de facturation dans le cadre de la prise en charge des militants" par l'UIMM lors de négociations.
Chez FO également, les "frais de remboursement des réunions paritaires" faisaient l'objet de l'attention des policiers, selon le syndicat qui a regretté un "acharnement" ayant "pour objectif la remise en cause de l’indépendance et de la liberté syndicale".
Les syndicats évoquent, à l'instar de la CDDT, des remboursements par l'UIMM, "parfaitement légitimes et transparents".
Mis en examen, Denis Gautier-Sauvagnac se borne lui à dire qu'il procédait à des "remises de fonds aux représentants des organismes participant à la vie sociale de notre pays".