Le transport aérien mondial montre des signes de reprise, grâce à l'Asie, mais la situation est encore très contrastée selon les régions, estime l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui a publié jeudi des prévisions moins pessimistes pour 2010.
Après une année catastrophique pour les compagnies aériennes, frappées de plein fouet par la crise, l'association attend de nouveau des pertes en 2010, mais moins élevées que prévu.
"Nous diminuons nos prévisions de pertes de moitié" pour 2010, a annoncé le directeur de l'IATA Giovanni Bisignani. Elles sont ramenées à 2,8 milliards de dollars (2,05 milliards d'euros) contre 5,6 milliards de dollars de pertes attendues auparavant.
"C'est encore une perte, il n'est pas encore l'heure de se réjouir, mais c'est très positif pour l'industrie" du transport aérien, a-t-il ajouté.
"Les passagers reviennent dans les avions", a noté le directeur de l'IATA, qui représente 230 compagnies revendiquant 93% du trafic régulier mondial.
Le début de l'année a en effet montré des signes encourageants, avec un trafic international de passagers en progression de 6,4% en janvier.
Pour 2010, la situation apparaît toutefois très contrastée, selon les régions du monde.
L'amélioration est tirée par les régions émergentes d'Asie et d'Amérique latine, où les compagnies aériennes devraient enregistrer des bénéfices cette année, souligne IATA.
Les transporteurs d'Asie-Pacifique devraient revenir dans le vert, avec 900 millions de dollars de bénéfices, sur fond de "reprise économique rapide tirée par la Chine". Le marché du fret apparaît désormais très solide dans la région.
A l'inverse, les compagnies européennes devraient enregistrer les plus lourdes pertes dans le monde, avec un déficit de 2,2 milliards de dollars prévu. "Cela reflète le rythme lent de la reprise économique et une confiance des consommateurs hésitante", juge IATA.
Le transporteur allemand Lufthansa a ainsi jugé jeudi que "2010 ne sera pas une année facile". Son concurrent Air France-KLM attend une perte d'exploitation de l'ordre de 570 millions d'euros sur les trois premiers mois de l'année.
De même, les compagnies nord-américaines vivent encore une mauvaise passe, avec une perte de 1,8 milliard de dollars attendue en 2010.
Le transport en classe affaires, de loin le plus rentable pour les compagnies aériennes, se reprend moins vite que les classes économiques, souligne aussi IATA.
Avec la crise, "vous avez tout un tas de clients qui sont passés de l'avant vers l'arrière" de l'avion, les entreprises ayant taillé dans les coûts de déplacement de leurs cadres, rappelle Pierre Boucheny, analyste chez Kepler.
Désormais, "la vraie question est celle du prix" du billet et de l'éventuel retour des passagers en classe affaires, juge-t-il.
Avec la crise économique, l'année 2009 a été catastrophique pour les compagnies. Elle s'est traduite par une perte de 9,4 milliards de dollars pour le secteur, un peu moins lourde toutefois que ne l'évaluait auparavant l'association, qui l'estimait à 11 milliards.
Cette année, la demande de transport de passagers devrait croître de 5,6%. Pour le cargo, qui avait plongé l'an dernier en raison de la crise, la demande devrait progresser de 12%.
M. Bisignani a toutefois souligné que des "risques" pesaient sur la reprise. "Ce n'est certainement pas le moment de faire grève", a-t-il mis en garde, alors qu'un mouvement social se profile à British Airways, après Lufthansa en février.