La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, plaide pour une meilleure coordination des politiques économiques dans les 16 pays de la zone euro, voire plus tard dans toute l'UE, pour éviter les crises, dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung de jeudi.
"A l'avenir chaque pays de l'UE doit prendre en considération quelles conséquences sa politique économique a sur les autres", déclare-t-elle au journal.
Et de détailler: "celui qui veut améliorer sa balance commerciale et augmenter ses investissements dans un domaine, il affecte les autres Etats de l'UE. Un gouvernement économique signifie aller chercher l'aval des autres Etats" avant de prendre des mesures.
Questionnée sur quels pays prendraient part à cette convergence économique renforcée, elle répond: "Nous discutons actuellement de la question: doit on se limiter aux 16 ? Ou prenons-nous les autres (...) à bord ? Je pense qu'au moins la zone euro doit être représentée. Car nous avons une monnaie commune et par conséquent un destin commun".
Selon elle, la commission européenne "devrait donner les impulsions, analyser les politiques économiques de chacun et accompagner le processus. Mais les décisions stratégiques doivent être prises par ceux qui représentent leurs pays, les chefs d'Etat et de gouvernement".
Refusant d'ôter aux Etats européens leur souveraineté en matière budgétaire, elle imagine cependant une coordination dans la préparation des lois fiscales. "L'Allemagne et la France en ont l'intention: nous voulons plus étroitement nous coordonner dans la préparation des budgets des années à venir", a-t-elle dit.
Elle a réitéré le refus pour l'instant de la France d'euro-obligations ("eurobonds"). "Avant que nous les introduisions, nous avons besoin d'un gouvernement économique", a-t-elle dit.
Concernant le renforcement de coopération franco-allemande, Mme Lagarde propose d'associer de manière étroite les départements chargés des prévisions des deux pays, afin de faire "des pronostics communs pour l'économie, la croissance, l'inflation, le chômage et les investissements".