A une semaine de Noël, plusieurs centaines de salariés allemands d'Amazon étaient en grève lundi, nouvel épisode d'un conflit salarial qui s'enlise.
Le syndicat des services Verdi a appelé à cesser le travail sur trois sites allemands du géant du commerce en ligne: celui de Bad Hersfeld (ouest) et celui de Leipzig (est) -tous les deux théâtres de grèves ponctuelles répétées depuis le printemps- ainsi que pour la première fois celui de Graben, en Bavière (sud).
Environ 600 salariés avaient cessé le travail à Bad Hersfeld, plus gros centre logistique du groupe en Allemagne, a indiqué un porte-parole de Verdi sur place. Le mouvement doit se poursuivre sur ce site mardi et mercredi, a annoncé le syndicat dans l'après-midi.
A Leipzig, 500 personnes participaient à la grève, a dit un autre porte-parole, Jörg Lauenroth-Mago. "Nous ferons grève jusqu'à samedi inclus", a-t-il averti.
A Graben, 350 salariés étaient concernés dans la matinée, "plusieurs centaines" d'autres devant rejoindre le mouvement dans la journée, a déclaré Thomas Gürlebeck, de Verdi.
Une porte-parole d'Amazon aux Etats-Unis a fait état pour sa part d'un total de 1.115 grévistes lundi en Allemagne, sur 23.000 salariés dans ses centres logistiques et de services aux clients dans ce pays (9.000 salariés permanents et 14.000 saisonniers pour les fêtes).
"La grande majorité de nos salariés en Allemagne n'ont pas participé à ces grèves", a insisté la porte-parole, selon laquelle "Amazon n'a pas vu d'impact sur ses expéditions aux clients".
A une semaine de Noël, les livraisons de paquets battent leur plein. Mais "la météo nous inquiète plus (que les grèves)", a commenté sur une antenne de radio régionale Armin Cossmann, responsable du site de Leipzig. "Nous sommes très bien préparés" à l'éventualité d'une grève, a-t-il ajouté, précisant que la plupart des salariés travaillaient normalement.
Le syndicat Verdi s'est assuré le soutien d'organisations syndicales américaines, qui organisaient lundi une manifestation de solidarité devant le siège d'Amazon à Seattle (nord-ouest des Etats-Unis).
D'après Kathy Cummings, une porte-parole du syndicat de l'Etat de Washington (WSLC) qui appelait à la manifestation aux Etats-Unis, environ 50 personnes y ont participé.
Mardi, un mouvement est également prévu sur le site de Werne, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest de l'Allemagne).
Verdi réclame depuis plusieurs mois un alignement de la rémunération des salariés des centres logistiques sur les salaires en vigueur dans le secteur de la distribution, plus élevés. Amazon a accordé pour le moment des primes exceptionnelles, de 400 à 600 euros, pour les salariés concernés, ce qui est jugé insuffisant par le syndicat.
Amazon affirme pour sa part qu'en incluant bonus et octrois d'actions, il paye davantage que les salaires prévus par les accords de branche du secteur. "Le salaire médian après une année dans nos centres logistiques est supérieur de 5% aux tarifs de branche", a assuré la porte-parole du groupe.
L'Allemagne est le plus gros marché d'Amazon hors Etats-Unis. Mais un reportage télévisé en début d'année sur les conditions de travail dans les centres logistiques et le conflit salarial en cours ont écorné l'image du groupe dans le pays. D'après une étude du cabinet OC&C publiée vendredi, Amazon a d'ailleurs été détrôné par la chaîne de droguerie "dm" comme commerçant préféré des Allemands.
"Amazon obtient toujours de très bons résultats, mais la cohorte des consommateurs sceptiques (à l'égard de la société) grandit", a commenté Christian Ziegfeld, responsable de l'étude chez OC&C.