Le président Nicolas Sarkozy a renvoyé au mois d'avril, après les régionales, des "décisions extrêmement importantes" pour "contenir" les déficits, à l'issue d'une première conférence sur le sujet jeudi à l'Elysée, boycottée par plusieurs représentants des collectivités locales.
"Nous prendrons en avril des décisions extrêmement précises pour que la spirale des déficits ne porte pas atteinte à la crédibilité de notre pays", a affirmé le chef de l'Etat.
Aucune décision avant les régionales, mais un constat: avec un déficit public prévu à 8,2% du produit intérieur brut cette année et une dette à 83,2% du PIB, les comptes publics français sont exsangues.
En trente ans, "la dépense publique est passée de 9.500 euros par habitant à 16.500 en 2009", a rappelé le ministre du Budget, Eric Woerth.
Pour y remédier, le chef de l'Etat a promis que "toutes les recettes supplémentaires qui pourraient venir de la croissance" iraient au désendettement.
La croissance devrait être plus soutenue que prévu cette année (+1,4%, selon le gouvernement), permettant d'engranger davantage de recettes. Mais il faudra le retour d'une croissance d'au moins 2,5% à 3% pour revenir d'ici 2013 sous les 3% de déficit autorisés par Bruxelles.
"Notre conviction c'est qu'il faut agir sur chacune des composantes de la dépense", a insisté Nicolas Sarkozy.
Le gouvernement ayant exclu toute hausse d'impôts, seule une baisse drastique des dépenses publiques, qui représentent chaque année plus de 1.000 milliards d'euros, pourrait lui permettre d'assainir ses finances.
Plusieurs groupes de travail vont plancher sur "l'évolution des finances publiques au cours des trente dernières années", sur les moyens de respecter l'objectif de dépenses d'assurance-maladie (fixé à 3%) ou encore sur la mise en place d'un objectif de dépense pour les collectivités.
Tout en assurant vouloir "sauvegarder" le modèle social français, Nicolas Sarkozy a souligné que les "dépenses sociales représentent plus de la moitié des dépenses publiques". Pour les réduire, le gouvernement entend notamment s'atteler à la réforme des retraites et ramener les budgets des hôpitaux à l'équilibre d'ici 2012.
Côté Etat, Eric Woerth présentera en avril "un plan d'action complet pour réduire la dépense", notamment via le "démantèlement" ou la "réduction" des "niches sociales (et) fiscales".
Quant aux collectivités locales, leurs dépenses ont "augmenté de 20% en proportion du PIB, mis de côté tous les effets de la décentralisation" depuis 1980, a rappelé M. Sarkozy, concédant que l'Etat avait "une part de responsabilité".
Déplorant le boycott de la réunion des présidents socialistes des associations des départements et des régions de France, il a jugé que "c'est difficile de trouver des accords entre les uns et les autres si certains refusent de s'asseoir à la table pour discuter".
Pour ces représentants, qui ne se sentent "pas responsables" des déficits, les collectivités respectent les règles d’équilibre budgétaire imposées par la loi et l’Etat n’a aucune légitimité pour leur dicter leurs choix.
Nicolas Sarkozy n'a pourtant pas exclu jeudi d'édicter une "règle d'équilibre pour l'ensemble" des administrations publiques.
"Les Allemands sont parvenus à un accord trans-partisan, c'est ce que nous allons essayer de faire", a-t-il dit.
Un tel consensus semblait encore loin jeudi. "Le temps n'est plus au diagnostic mais à l'action", a lancé le MoDem après cette réunion, tandis que le PS dénonçait la "diabolisation" des collectivités territoriales.