La crise des défauts techniques s'aggrave chez le géant automobile japonais Toyota, qui envisageait vendredi un rappel de centaines de milliers de voitures hybrides Prius et subissait un déluge de récriminations et d'actions en justice aux Etats-Unis.
Selon le quotidien économique Nikkei, le premier constructeur automobile mondial va rappeler au Japon et aux Etats-Unis quelque 270.000 exemplaires de la dernière génération de la Prius, lancée l'an dernier.
Une porte-parole de Toyota a reconnu vendredi qu'un rappel était envisagé, mais que "rien n'a encore été décidé".
Le groupe avait avoué jeudi avoir connaissance depuis l'automne 2009 d'un défaut dans le système de freinage hydraulique de la nouvelle Prius. Par temps froid, un temps de décalage peut se produire entre le moment où le conducteur appuie sur la pédale et le moment où le freinage se produit. Environ 200 plaintes ont été enregistrées jusqu'à présent au Japon et aux Etats-Unis.
Toyota a affirmé que le défaut avait été corrigé en usine en janvier. Un rappel concernerait donc les quelque 176.000 Prius vendues au Japon et les 100.000 écoulées aux Etats-Unis entre mai et décembre, selon le Nikkei.
Des vérifications sont en cours "par précaution" sur la berline de luxe Lexus HS hybride, équipée de la même technologie de freinage que la Prius, même si aucune plainte n'a été reçue pour le moment, selon Toyota.
Le problème de la Prius, la voiture hybride emblématique de Toyota, est venu s'ajouter à l'affaire des pédales d'accélérateur d'autres modèles qui restent bloquées en position enfoncée. Ce défaut a entraîné depuis l'automne le rappel de plus de huit millions de véhicules dans le monde.
L'agence de notation Standard & Poor's a menacé de dégrader la note de la dette de Toyota qui est actuellement de "AA", la troisième meilleure sur une échelle de 22. "Même si les récents problèmes de qualité n'auront qu'un impact limité sur le profil de risque financier de Toyota, un affaiblissement de son image de marque pourrait affecter sérieusement les ventes à moyen terme du groupe", a-t-elle estimé dans un communiqué.
Les autorités américaines et canadiennes ont ouvert une série d'enquêtes.
Le ministre américain des Transports, Ray LaHood, a déclenché un bref tollé mercredi en appelant les propriétaires des Toyota concernées à "arrêter de les conduire". Accusé de conflit d'intérêts, alors que Washington est propriétaire de 60% du concurrent de Toyota, General Motors, il a ensuite retiré ces propos.
M. LaHood a téléphoné mercredi au PDG de Toyota, Akio Toyoda. Ce dernier l'a "rassuré sur le fait que Toyota prend les préoccupations américaines sur la sécurité au sérieux et place la sécurité au premier rang de ses priorités", ont indiqué les autorités américaines de la sécurité routière.
M. Toyoda devait s'exprimer publiquement pour la première fois depuis le début de la crise au cours d'une conférence de presse vendredi à 12H00 GMT.
Un cabinet d'avocats du Colorado (Etats-Unis) a déposé une plainte en nom collectif contre Toyota devant un tribunal fédéral, accusant le constructeur d'avoir dissimulé "pendant plusieurs années les problèmes d'accélération involontaires" à l'origine de ses rappels massifs.
Deux plaintes en nom collectif ont également été lancées il y a quelques jours dans l'Ontario et la Saskatchewan (Canada).
Le quotidien Financial Times Deutschland (FTD) a affirmé vendredi que Toyota était au courant des problèmes d'accélérateur depuis 2007.
Les autorités japonaises ont également haussé le ton contre le groupe.
A la Bourse de Tokyo, l'action Toyota a rebondi vendredi de 1,07% à 3.315 yens. Les investisseurs ont salué le relèvement, la veille, des prévisions financières annuelles de l'entreprise malgré la crise en cours.