Société Générale a surpris mercredi en annonçant un avertissement sur résultat qui affecte la crédibilité de son plan stratégique à horizon 2015, une nouvelle très mal reçue par les marchés qui ont durement sanctionné le titre de la banque en Bourse.
Le PDG Frédéric Oudéa estime désormais que l'objectif d'un bénéfice net de 6 milliards en 2012, annoncé en juin 2010 dans le cadre du plan stratégique "Ambition SG 2015", "paraît désormais difficilement réalisable dans les délais prévus".
La nouvelle a partiellement éclipsé la publication des résultats du deuxième trimestre, en forte baisse (-31%) du fait de la participation au plan grec mais globalement conformes aux attentes du marché, à 747 millions d'euros.
L'action Société Générale a dévissé dès l'ouverture du marché, abandonnant jusqu'à 9,1% en séance. Le titre a finalement perdu 8,97% à 29,59 euros, au plus bas depuis début avril 2009, au lendemain de la crise financière.
L'établissement a laissé entendre que cet avertissement tenait surtout à la banque de financement et d'investissement.
Sur ce pôle, "nos revenus, compte tenu de l'environnement, ne seront sans doute pas au rendez-vous", a concédé le directeur général délégué Séverin Cabannes, chargé de la supervision des activités de banque de financement et d'investissement.
Pour Société Générale, cette révision n'est pas tant liée à la banque elle-même qu'à un ralentissement macroéconomique, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, qui pourrait engendrer, selon le PDG, "un attentisme (...) des investisseurs et probablement aussi des entreprises".
Une explication qui n'a pas convaincu le marché. "Le groupe doit se demander pourquoi il a ce problème d'efficacité opérationnelle", estime un analyste, sous couvert d'anonymat.
De manière générale, Société Générale "fait un pas en avant, puis deux en arrière", juge Omar Fall, analyste de UBS.
Après une année de transition brillante en 2010, marquée par la présentation d'un nouveau plan stratégique, la banque peine de nouveau à convaincre.
Comme l'a rappelé une source de marché, le consensus des analystes doutait déjà, avant cette annonce, des capacités de Société Générale à atteindre son objectif 2012, tablant sur un bénéfice net de 5,4 milliards d'euros contre 6 visés officiellement.
Dans ce contexte, les dépréciations enregistrées dans le cadre de la participation de la banque au plan de soutien à la Grèce n'ont suscité aucune réaction. Elles se montent à 395 millions d'euros avant impôt et à 268 millions après impôt.
Outre l'avertissement, les observateurs ont davantage retenu les résultats de la banque de financement et d'investissement, considérés comme décevants, ainsi que ceux de la gestion d'actifs et de la banque privée, également en-dessous des attentes.
Pierre Chedeville, du CM-CIC, s'attarde aussi sur des "activités internationales (ex-relais de croissance) qui ne +décollent+ pas".
Malgré la déception sur l'opérationnel et les perspectives, les analystes ont tout de même salué la trajectoire suivie sur le plan des fonds propres, qui augmentent à un rythme élevé dans la perspective de l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III.
Pour M. Chedeville, la valorisation actuelle du titre est ainsi "exagérée, alors même que la solidité financière, la position de liquidité et le coût du risque de la société s’améliorent progressivement".
"La réaction (en Bourse) est excessive", a estimé pour sa part M. Fall au sujet de la correction de mercredi. Pour lui, "le marché doit abaisser ses prévisions de résultats, mais ce n'est pas si grave que cela, surtout quand on observe la manière dont ils ont amélioré leurs ratios de fonds propres".