L'agence de notation américaine Standard & Poor's invite les banques françaises à faire plus d'efforts sur la question des fonds propres, qu'elle estime être une faiblesse pour le secteur en France, dans une étude publiée mercredi.
Elle continue également de considérer qu'elles restent exposées à une nouvelle détérioration de l'environnement économique dans la zone euro, en particulier dans le sud de l'Europe.
"Nous continuons à considérer les fonds propres comme une faiblesse pour les grandes banques françaises, à l'exception du Crédit Mutuel, en matière de notation", indique S&P.
L'agence relève toutefois que des améliorations sont visibles depuis deux ans et demi, les banques ayant dû se préparer à l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire dit "Bâle III", plus exigeant en la matière.
"Si ces progrès devenaient plus substantiels encore, nous pourrions réviser notre jugement sur ce facteur de notation", souligne Standard & Poor's.
Les notes des cinq grandes banques françaises, à savoir BNP Paribas (A+), BPCE (A), Crédit Mutuel (A+), Crédit Agricole (A) et Société Générale (A), sont toutes assorties d'une perspective négative, ce qui signifie que l'agence n'exclut pas de les abaisser à l'avenir.
"Cette perspective négative est liée à des points de vigilance au cas où certains scénarios se matérialiseraient. Ca donne le ton d'une vision selon laquelle les banques restent dans un environnement difficile", a expliqué lors d'une conférence de presse Elisabeth Grandin, analyste crédit chez S&P.
Si le scénario central de l'agence reste une économie en stagnation dans la zone euro, selon Mme Grandin, d'autres cas de figure plus sombres ne sont pas exclus pour autant comme "une récession plus marquée" ou "le retour des perturbations sur le marchés financiers".
La présence en Europe du sud, en Italie plus particulièrement, est aussi un élément d'appréciation défavorable pour S&P.
"Quand vous êtes en Italie, et le risque économique de l'Italie s'est beaucoup dégradé dans notre approche depuis trois ans, cela pèse sur la vision des fonds propres qu'on a des banques italiennes et des banques françaises qui sont engagées dans ce pays", a expliqué Mme Grandin.
Plusieurs établissements français ont en effet des filiales en Italie, à l'image de BNP Paribas avec BNL ou Crédit Agricole avec Cariparma.
Interrogée sur les conséquences du projet de loi bancaire du gouvernement, examiné par l'Assemblée nationale, l'analyste crédit a souligné qu'il allait ajouter "des contraintes" aux banques mais qu'il n'avait "pas d'impact en termes de note".
L'agence américaine prévient en outre que les revenus tirés des activités récurrentes des plus grandes banques françaises pourraient accuser un "léger repli" en 2013, suivant ainsi la tendance attendue pour 2012.