Le Parlement chypriote a approuvé une augmentation de l'impôt sur les sociétés, qui est l'un des plus bas de l'Union européenne, dans le cadre d'une série de mesures prises en contrepartie d'un plan de sauvetage européen, qui va nécessiter un aval des députés.
L'Assemblée a voté une augmentation de l'impôt sur les sociétés de 10% à 12,5%, dans l'objectif de collecter 600 millions d'euros supplémentaires. Ce taux d'imposition attractif est l'un des éléments qui a poussé de nombreux investisseurs étrangers à faire transiter leurs opérations par Chypre, faisant de l'île un important centre financier, ce qui lui a été reproché par certains membres de la zone euro.
Les élus ont également approuvé une augmentation de la taxe sur les intérêts perçus, qui passera de 15% à 30%, ainsi de la taxe sur les transactions bancaires, qui passera de 0,11% à 0,15%.
Le Parlement, qui ne s'est pas exprimé sur le plan de sauvetage négocié à Bruxelles entre Chypre, l'Union européenne, la Banque centrale européenne, et le FMI, va finalement devoir voter fin avril, après une décision mardi du Procureur général.
Le gouvernement a accepté en mars des contreparties draconiennes en échange d'un prêt de 10 milliards d'euros nécessaire pour lui éviter la faillite, des concessions qui ont fait la cible de critiques acerbes .
La coalition de centre-droit au pouvoir contrôle exactement la moitié des 56 sièges de l'Assemblée.
Des députés d'opposition, du parti communiste Akel ou du socialiste Edek ont exprimé leur hostilité à la contribution chypriote réclamée pour accompagner le prêt européen, qui est passée de 17,5 milliards d'euros à 23 milliards, déstabilisant encore un peu plus une économie en plein crise.
"Nous sommes en désaccord avec cette approche car nous avons analysé attentivement ce que signifie l'application du protocole d'accord" sur l'aide européenne, a déclaré le chef de file de l'Akel, Andros Kyprianou, à la presse. "Cela a poussé d'autres pays à dévaler la pente sans pouvoir freiner".
Seul le député du Parti écologiste a explicitement dit son intention de voter contre l'accord sur le plan de sauvetage.
Le porte-parole du gouvernement Christos Stylianides a appelé l'opposition à bien réfléchir avant un éventuel vote contre le plan de sauvetage, soulignant que Chypre va sans tarder se retrouver à court de fonds et n'a pas d'autre moyen de se refinancer.
Selon la presse, le Parlement devrait être appelé à s'exprimer après le 26 avril.
En vertu du plan de sauvetage négocié en mars, et que certains pays membres de la zone euro doivent encore valider, Chypre va réduire drastiquement son secteur bancaire, augmenter les impôts, diminuer les effectifs de la fonction publique, et privatiser certaines sociétés publiques.
Chypre traverse déjà une récession, avec un chômage qui se rapproche des 15% et devrait augmenter nettement en 2013 et 2014.