Arianespace prévoit une année 2011 chargée avec douze lancements de satellites, dont six pour la fusée Ariane 5, mais le numéro un mondial des lancements commerciaux demande aussi un nouveau soutien financier des Etats européens pour assurer sa viabilité.
L'an dernier, Arianespace a lancé six Ariane 5 et mis sur orbite géostationnaire douze satellites de télécommunications sur vingt à travers le monde. Les huit autres l'ont été par son concurrent russo-américain International Launch Services (ILS), qui exploite le lanceur russe Proton.
Sur le marché commercial, ces deux sociétés se retrouvent en duopole de fait.
Leur concurrent Sea Launch, qui émerge de la protection de la loi américaine sur les faillites ("chapitre 11"), a été inopérant ces derniers temps. Les lanceurs américains Atlas 5 et Delta 4 sont pour leur part exclusivement utilisés pour des lancements gouvernementaux américains.
Enfin, la fusée chinoise Longue marche est pour sa part marginalisée par des réglementations américaines restrictives, qui empêchent la plupart des satellites occidentaux de pouvoir l'utiliser.
Pour cette nouvelle année, Arianespace a l'ambition de maintenir sa domination. "Notre objectif, comme chaque année, est de rester le numéro un mondial", a affirmé mardi son PDG Jean-Yves Le Gall.
L'année devrait être chargée avec un total de douze lancements, dont six pour la fusée européenne Ariane 5. Le prochain est prévu le 15 février pour l'ATV Johannes Kepler, le deuxième exemplaire du ravitailleur automatique européen de la Station spatiale internationale (ISS).
Le premier tir de Soyouz depuis la Guyane est pour sa part attendu cet été, "plutôt sur le mois d'août", avec l'objectif de réaliser deux lancements d'ici la fin de l'année.
Trois lancements de la fusée russe sont encore attendus depuis le cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan, pour la constellation Globalstar 2.
Enfin, la petite fusée de fabrication italienne Vega doit prendre son envol pour la première fois depuis la Guyane au second semestre.
Le carnet de commandes atteint pour sa part un record de 4,3 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires 2010 a cependant reculé à un peu plus de 900 millions d'euros, car les lancements d'Ariane ont été moins nombreux que prévu, six au lieu de sept, en raison de problèmes techniques en début d'année.
Cependant, malgré ses succès, l'équilibre financier d'Arianespace n'est pas assuré.
Les actionnaires d'Arianespace, dont les principaux sont le Centre national d'études spatiales --le CNES français-- et des industriels comme EADS et Safran, viennent de recapitaliser de la société, qui devait apurer une perte enregistrée en 2009.
Mais Arianespace demande aussi à continuer de percevoir une aide financière des Etats européens.
Ces dernières années, la société a bénéficié du "Programme européen d’accès garanti à l’espace" (EGAS), initié en 2004 pour soutenir la fusée Ariane 5 et qui finissait fin 2010.
Arianespace, qui touchait environ 250 millions d'euros par an dans le cadre de ce soutien, aimerait continuer à toucher "la moitié" de cette somme, soit près de 125 millions, affirme Jean-Yves Le Gall.
Ses concurrents étrangers bénéficient d'un "soutien massif", en particulier pour l'entretien des infrastructures, fait-il valoir.
Les Etats membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) doivent se prononcer sur cette question lors d'un conseil en mars.