Tombé dans le rouge l'an passé, le constructeur automobile Renault a mis en garde jeudi contre une année encore difficile, comme l'avait fait PSA Peugeot Citroën la veille, et va continuer à faire du désendettement sa priorité.
Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a prévenu que 2010 serait une "année difficile" pour le secteur automobile avec "encore beaucoup d'incertitudes et de volatilité".
Frappé de plein fouet par la crise, qui a aussi touché son partenaire japonais Nissan, Renault a enregistré en 2009 des pertes de plus de 3,1 milliards d'euros, les premières depuis 1996.
La moitié des ces pertes (1,56 milliard) vient des entreprises associées (Nissan, Volvo, Avtovaz).
Dès le premier semestre de l'exercice, Renault accusait déjà l'essentiel des pertes (2,7 milliard), alors que la deuxième moitié de l'année a marqué une amélioration, grâce à des marchés automobiles soutenus par les primes à la casse.
En 2010, Renault prévoit certes une croissance de 3% du marché mondial, tiré par la Chine, l'Amérique du Nord, l'Inde et la Russie. Mais les régions majeures pour ses ventes, l'Europe de l'Ouest et de l'Est et l'Afrique du Nord, devraient baisser de 10%, essentiellement en raison de l'arrêt des primes à la casse.
Dans ce contexte incertain, Renault a reconduit sa ligne d'action de 2009: mettre la priorité sur les liquidités et réduire son endettement.
Ce qui a été fait en 2009, avec une réduction de la dette de la branche automobile de plus de 2 milliards, qui atteint encore 5,9 milliards en fin d'année.
Un montant encore trop élevé pour Carlos Ghosn, qui voudrait descendre à 3 milliards, mais qui n'entend pas pour autant "sacrifier des actifs".
L'accent continuera d'être mis sur les économies de coûts, la maîtrise des frais de recherche et développement, la limitation des stocks.
Estimant que ce résultat financier négatif "ne met pas l'avenir de Renault en péril", la CGT, premier syndicat, a réclamé l'ouverture de nouvelles négociations sur les salaires "pour que les salariés aient un juste retour des efforts engagés".
Renault entend aussi poursuivre les efforts pour tirer parti de son alliance avec Nissan, qui a permis aux deux partenaires d'économiser 1,5 milliard en 2009 et devrait générer 1 milliard supplémentaire cette année.
Renault veut également continuer à accroître ses parts de marché: l'amélioration constatée au second semestre 2009, grâce aux nouvelles Mégane et Scénic, "se poursuivra en 2010", a assuré Carlos Ghosn.
Six nouveaux modèles sont prévus en 2010, dont le 4X4 Duster qui complète la gamme à bas coût Dacia, ainsi que les coupé-cabriolets Mégane CC et Wind. Renault va aussi lancer sa voiture coréenne haut de gamme SM5, qui arrivera aussi en Europe en petite quantité.
Comme ses concurrents, Renault met l'accent sur les marchés émergents, avec en premier lieu la Russie et l'Inde, où il compte tirer parti de ses lourds investissements. La Chine reste un objectif, mais attendra des jours meilleurs.
Parallèlement, le groupe poursuit des discussions avec "beaucoup de partenaires" avec lesquels il pourrait nouer des relations stratégiques et de long terme.
Enfin, Carlos Ghosn a assuré qu'il partageait les préoccupations des gouvernements, dont la France, sur le maintien de l'emploi local et le refus des délocalisations, mais avec en contrepartie des aides à la compétitivité.
A la Bourse de Paris, l'action Renault perdait 5,42% à 31 euros à la clôture, dans un marché en baisse de 0,52%.