La table ronde sur l'avenir du raffinage en France a abouti jeudi à la décision de mettre en place des groupes de travail sur le secteur, qui a été perturbé durant la journée par un mouvement de grève lancé à l'appel de la CGT, majoritaire dans la branche.
A l'issue de la réunion, qui a rassemblé syndicats, dirigeants des groupes pétroliers, experts et parlementaires sous l'égide des ministres de l'Ecologie et de l'Industrie Jean-Louis Borloo et Christian Estrosi, Charles Foulard, de la CGT, a jugé que son syndicat avait "bien fait" d'appeler à la grève.
"Il va falloir qu'on se retourne à nouveau vers les salariés pour faire avancer les choses", a-t-il estimé, regrettant que "les patrons (aient été) là pour préserver leur intérêt et leurs profits".
La table ronde, qui a duré près de quatre heures, a abouti à la décision de mettre en place des "groupes de travail" sur le secteur, a annoncé à l'AFP le ministre de l'Industrie Christian Estrosi.
"Les participants ont accepté la proposition portée par le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo et moi-même de bâtir des groupes de travail sur les déterminants de la compétitivité du raffinage, sur les enjeux liés aux débouchés et aux ressources du secteur et sur ses enjeux prospectifs (recherche, formation...)", a déclaré M. Estrosi à l'issue de la réunion.
Ces groupes de travail devraient être mis en place début mai, selon M. Estrosi, pour qui il s'agit d'"aboutir à un diagnostic partagé" et à des "engagements clairs".
"J'ai proposé que les constructeurs automobiles et les sous-traitants soient également associés à ces groupes", a-t-il ajouté, soulignant qu'une des "questions soulevées par la table ronde" était de se demander s'il ne fallait pas "réorienter les véhicules de demain plus vers l'essence que vers le gazole".
Organisés parallèlement à cette table ronde à l'appel de la CGT, les débrayages dans les 12 raffineries françaises n'ont pas perturbé l'approvisonnement des stations-service, selon le syndicat, deux mois après un mouvement de plusieurs jours dans les six raffineries françaises de Total qui avait fait craindre une pénurie d'essence.
Dans les Bouches-du-Rhône, sur les quatre raffineries du pourtour de l'étang de Berre qui assurent 32% du raffinage français, trois ont été touchées par des débrayages ou actions jeudi, a-t-on indiqué auprès des directions et de source syndicale.
A Donges (Loire-Atlantique), la grève était "assez bien suivie" par les personnels postés avec pour conséquence une baisse des débits et un arrêt des expéditions, a indiqué la direction.
Dans la raffinerie Total de Gonfreville l'Orcher (Seine-Maritime), près du Havre, 70% des salariés en travail posté ont participé à des arrêts de travail, selon une source syndicale.
Celle de Petroplus à Rouen n'avait pas été touchée jeudi matin. Une assemblée générale a eu lieu dans celle de Reichstett, près de Strasbourg, que le groupe suisse Petroplus souhaite céder.
A Dunkerque, où la raffinerie des Flandres de Total est à l'arrêt depuis septembre, une centaine de personnes se sont rassemblées pour soutenir les grévistes.
Début mars, Total a confirmé la fermeture de sa raffinerie de Dunkerque, tout en s'engageant à garantir les 370 emplois directs du site dans le cadre d'un projet de reconversion. Sous la pression des grévistes, Total, qui possède six raffineries en France, s'est également engagé à ne pas en fermer d'autres dans les cinq prochaines années.