par Claude Canellas
LEOGNAN, Gironde (Reuters) - A la veille de l'ouverture de l'université d'été du PS à La Rochelle, les "réformateurs" du Parti socialiste ont plaidé jeudi pour une refonte du droit du travail français, dossier sensible qui les oppose aux "frondeurs".
Réunis à Léognan, près de Bordeaux, au moment où les frondeurs fourbissaient leurs armes à Marennes à quelques dizaines de kilomètres au sud de La Rochelle, les réformateurs organisaient leur Rencontre d'été avec comme grand témoin le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui cristallise les critiques de l'aile gauche du parti majoritaire.
"Chacun doit apporter sa pierre mais elle doit l'être dans un esprit positif. Il faut arrêter d'être dans le dénigrement, la marginalisation", a déclaré Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux Relations avec le parlement.
"Nous, nous sommes ouverts, nous voulons une économie compétitive, nous voulons une solidarité active, réformée."
Les 150 personnes, élus et militants présents ont accueilli comme une star Emmanuel Macron venu présenter sa vision d'une "réforme au cœur du progressisme".
"La réforme, elle est au coeur du progressisme. On ne peut pas prétendre défendre le modèle social français, défendre le progrès, si on ne fait pas de réforme aujourd'hui dans le pays", a déclaré le ministre.
Il a assuré qu'il fallait "réformer le marché du travail, pas dans un esprit de tout casser comme le disent certains".
"Mais on ne peut pas dire non plus, il n'y a rien à toucher, tout va bien vous avez 25% des jeunes dans notre pays qui n'ont pas d'emploi, 10% de chômage", a-t-il ajouté.
Selon lui, le système privilégie les "insiders" (salariés installés), au détriment des "outsiders" et des chômeurs.
CDI "NI UN TOTEM NI UN TABOU"
Les réformateurs ont précisé jeudi dans un long texte leur vision de la réforme du marché de l'emploi, faisant le constat que "la France doit sans aucun doute revisiter plusieurs facteurs de frein à l'adaptation de son marché du travail".
Le député Gilles Savary, chargé de ce dossier, a répété que "le CDI n'est ni un totem ni un tabou", estimant que l'une des solutions est de "simplifier, de rendre plus transparent, plus lisible notre droit du travail", rappelant "à ceux de Marennes" que le CDI qu'ils défendent "est déjà dans le coma".
Pour l'élu de la Gironde "l'emploi ne dépend plus aussi univoquement du taux de croissance d'une économie nationale, mais de son adaptation structurelle".
Les réformateurs préconisent notamment "des accords de maintien dans l'emploi" négociés branche par branche et un plan de requalification des chômeurs de longue durée.
Emmanuel Macron a affirmé ne pas avoir été convié à l'université d'été du Parti socialiste.
"On m'a invité ici à débattre et à venir expliquer la politique économique du gouvernement, on ne m'a pas invité à le faire à La Rochelle. Je suis à disposition", a-t-il dit à des journalistes en déplorant la polémique médiatique sur son absence à La Rochelle ce week-end.
Jean-Christophe Cambadélis a contredit la version du ministre en assurant sur LCI que "tous les ministres" avaient été invités.
"Et moi-même j'ai discuté avec M. Macron le 1er juillet, à la sortie de la réunion du pot des sénateurs de fin de session, et nous nous sommes dits : 'Tiens au fait, si tu viens à La Rochelle, faut qu'on se voie'. Et depuis, il n'y a rien eu", a dit le dirigeant socialiste.
"Donc ne disons pas que le PS a fermé la porte à qui que ce soit qui se réclame de la gauche, toute la gauche sera réunie dès l'ouverture de l'université d'été du PS", a-t-il ajouté, excluant implicitement le ministre de l'Economie de la liste.
Emmanuel Macron n'a plus de carte d'adhérent au Parti socialiste depuis 2009.
(Avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)