Les adversaires républicains de Barack Obama au Congrès ont accentué la pression sur le président américain mardi, alors que les négociations sur le relèvement du plafond de la dette s'enlisaient à l'approche de la date butoir du 2 août.
Aucune avancée n'a été annoncée mardi soir à l'issue d'une réunion de près de deux heures à la Maison Blanche entre M. Obama et les chefs de file du Congrès. "On n'y est pas encore, on y travaille", a dit le numéro deux démocrate du Sénat, Richard Durbin, en rentrant au Capitole. "Personne n'a quitté la salle", a-t-il simplement commenté, tandis que la Maison Blanche prévoyait une reprise des pourparlers mercredi à 16H00 (20H00 GMT).
Plus tôt dans la journée, le chef de la minorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, a estimé qu'aucun accord n'était possible tant que M. Obama occuperait le Bureau ovale. Le sénateur a proposé un plan de secours qui ferait porter au président et à son parti la responsabilité politique d'un relèvement du plafond de la dette, ou au contraire d'un défaut de paiement.
Selon ce texte, le Congrès donnerait au président l'autorité de réclamer le relèvement du plafond en trois fois, pour un total de 2.400 milliards. Le Congrès pourrait voter "non" à ces requêtes, à charge ensuite pour le président de décider seul d'apposer ou non son veto au refus du Congrès.
La Maison Blanche a rejeté cette proposition mardi soir. Son porte-parole Jay Carney a affirmé que "le président continue à penser que nous devons nous concentrer sur l'occasion unique de parvenir à un accord sur une réduction importante et équilibrée du déficit".
Pour sa part, le président républicain de la Chambre des représentants américaine, John Boehner, a lancé: "Où est le plan du président? Quand va-t-il jouer cartes sur table? Le relèvement du plafond de la dette est son problème".
"Ce n'est pas un problème républicain ou démocrate. C'est un problème national qui doit être résolu", a rétorqué M. Obama dans un entretien à la chaîne CBS diffusé en début de soirée.
M. Obama a en outre évoqué les conséquences qu'aurait un défaut de paiement, affirmant ne pas pouvoir garantir que les retraites seraient payées à partir du 3 août.
Le président et les républicains négocient depuis plusieurs semaines un accord pour relever le plafond de la dette américaine.
M. Obama souhaite réduire la dette de 4.000 milliards de dollars sur dix ans. Elle atteint actuellement 14.294 milliards et continue à gonfler au rythme du déficit budgétaire, qui doit s'afficher cette année à 1.600 milliards. M. Obama est d'accord pour tailler dans les dépenses. Mais il souhaite aussi que les contribuables les plus aisés paient davantage d'impôts, ce que ses adversaires, poussés par leur aile droite, refusent catégoriquement.
"Nous n'avons pas les voix pour augmenter les impôts ici", a assuré lundi Eric Cantor, le numéro deux des républicains de la Chambre des représentants.
Toujours sur CBS, M. Obama a noté que son prédécesseur républicain Ronald Reagan, grand libéral, avait en son temps accepté des compromis avec les démocrates aboutissant à davantage de rentrées fiscales. "La question est de savoir: si Reagan pouvait faire des compromis, pourquoi des gens qui idolâtrent Ronald Reagan ne voudraient-ils pas s'engager dans le même genre de compromis?", s'est interrogé M. Obama.
Après le 2 août, faute d'accord, la première économie mondiale ne pourra plus emprunter pour financer son déficit, selon le Trésor. Une telle perspective inquiète les marchés.
"Il ne faut pas laisser traîner jusqu'à la dernière minute un problème de cette importance, qui affecte l'économie mondiale tout comme l'économie américaine", a prévenu mardi soir M. Obama sur CBS.