par Myriam Rivet
PARIS (Reuters) - Les appels à la mobilisation contre le Front national se sont multipliés mardi, le président du Medef Pierre Gattaz joignant sa voix aux mises en garde de Manuel Valls, cinq jours avant le premier tour d'élections régionales où le parti d'extrême droite est donné gagnant dans deux régions par les sondages.
Le quotidien La Voix du Nord consacre, lui, pour la deuxième journée consécutive sa "Une" à un message d'opposition au parti de Marine Le Pen, la candidate locale la mieux placée.
"Ce que je souhaite, c'est que les Français se mobilisent, qu'ils aillent voter", a dit le Premier ministre sur Europe 1. "Qu'ils votent d'abord pour les formations républicaines et qu'ils fassent reculer le Front national."
Manuel Valls a également répété que la droite comme la gauche devraient au soir du premier tour prendre leurs responsabilités pour empêcher le FN de remporter une région.
Déterminé à faire barrage à l'extrême droite, il avait défendu le mois dernier l'hypothèse d'une coalition droite-gauche au second tour, une position fraîchement accueillie à la fois dans la majorité et l'opposition.
Les écologistes, qui ont presque partout refusé de s'allier à la gauche de gouvernement avant le premier tour, apparaissent également résolus à empêcher une victoire du FN.
"L'idée, c'est de tout faire pour empêcher une victoire du FN. On pourra se retirer ou aller dans une union de la gauche", a dit sur France Info Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts et tête de liste en Ile-de-France.
La question des alliances en vue des régionales a suscité de nombreux remous au sein de la formation écologiste au cours des derniers mois. La constitution dans certaines régions de listes communes avec le Parti de gauche a conduit certains cadres comme le sénateur Jean-Vincent Placé et les députés François de Rugy et Barbara Pompili à rendre leur carte.
"MENACE ÉCONOMIQUE"
Manuel Valls a également mis en garde contre "une menace économique", estimant que le FN "mettrait le pays par terre" et "ruinerait" les retraités, les ouvriers et les jeunes.
Les déclarations du Premier ministre font écho aux propos tenus par le président du Medef dans un entretien accordé au Parisien-Aujourd'hui en France.
"Je ne m'exprime pas sur la politique mais sur le programme économique du Front national", a précisé Pierre Gattaz, jugeant que le projet du FN dans ce domaine "n'est ni tourné vers l'avenir, ni vers la compétitivité" et n'est pas "responsable".
Dans un communiqué, le Front national a appelé Pierre Gattaz à "cesser les jets de pierre effectués à bonne distance" et à "venir débattre" avec les économistes du parti.
Dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marine Le Pen part favorite, La Voix du Nord, après avoir titré lundi "Pourquoi une victoire du FN nous inquiète", fait sa "Une" mardi sur "Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu'ils disent".
Dans une lettre ouverte adressée mardi au directeur général du groupe de presse, Marine Le Pen réitère ses accusations de "clientélisme" et de "connivence" à l'égard du quotidien nordiste, qui s'attache à défendre selon elle les subventions qu'il reçoit de la part de l'exécutif socialiste sortant.
Interrogé sur Europe 1 lundi, le rédacteur en chef de La Voix du Nord Jean-Michel Bretonnier avait précisé que son journal ne recevait "aucune subvention directe" de la région.
Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la présidente du Front national est donnée gagnante dans tous les sondages, très loin devant la liste de droite menée par Xavier Bertrand.
En Provence-Alpes-Côte d'Azur, la liste conduite par Marion Maréchal-Le Pen ressort en tête dans la quasi-totalité des sondages, avec une avance moins marquée sur la liste LR menée par le maire de Nice Christian Estrosi).
(Avec Jean-Baptiste Vey et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)