Près de huit ans après son éviction de la présidence de Vivendi Universal (VU), Jean-Marie Messier saura vendredi si la justice française le considère coupable de malversations dans la gestion du groupe de médias et communications.
La 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement en début d'après-midi, sept mois après la comparution de l'ancien PDG pour plusieurs infractions présumées: "diffusion d'informations fausses ou trompeuses" sur la santé financière de VU, "abus de bien social" en lien avec un parachute doré négocié, mais pas touché, et "manipulation de cours" de l'action Vivendi.
"J2M", 54 ans, encourt en théorie jusqu'à cinq années de prison et de fortes amendes. Mais le ministère public a requis sa relaxe, convaincu que Messier n'a pas délibérément cherché à induire en erreur analystes et actionnaires.
L'ex-PDG n'était pas seul sur le banc des prévenus: cinq anciens hauts responsables du groupe et un cadre d'établissement financier ont été également jugés pour différents délits financiers. Parmi eux, l'ancien bras droit de Messier, Guillaume Hannezo, et l'homme d'affaires canadien Edgar Bronfman Jr, héritier d'une des plus célèbres dynasties industrielles de son pays, le groupe Seagram, absorbé en 2000 par Vivendi.
A cette époque, l'ancien patron emblématique du CAC 40 avait entrepris de transformer la Genérale de Eaux en géant du secteur des médias. Il avait développé une communication euphorique sur la situation du groupe avant que les marchés ne découvrent que VU croulait sous une dette de 35 milliards d'euros, entraînant la démission de Jean-Marie Messier en juillet 2002.
Les petits actionnaires floués de Vivendi, qui ont été le fer de lance de l'enquête pénale française, espèrent de leur côté obtenir des dommages et intérêts et voir reconnue la responsabilité de l'ancienne équipe dirigeante dans la déconfiture du groupe.