La présidence danoise de l'Union européenne s'est dite mardi "très réticente" au projet de taxe sur les transactions financières actuellement discuté par les Vingt-Sept, pointant les dangers pour la croissance et l'emploi.
La proposition de taxe sur les transactions financières dans l'UE mise sur la table des négociations par la Commission européenne en septembre "n'est pas très solide", a estimé la ministre danoise de l'Economie, Margrethe Vestager, lors d'une rencontre avec des journalistes étrangers.
Elle a fait valoir que les études réalisées par la Commission elle-même montraient qu'une telle transaction introduite seulement en Europe risquait de coûter un demi-point de croissance économique au continent et "des centaines de milliers d'emplois" du fait de la délocalisation d'activités bancaires et financières hors de l'UE.
"Dans la mesure où tout le monde dit que la priorité du moment est de créer des emplois, nous sommes très réticents à soutenir une proposition qui aurait l'effet inverse, celui de minimiser la croissance et d'entraîner d'importantes pertes d'emplois", a estimé la ministre danoise de l'Economie, Margrethe Vestager, lors d'une rencontre avec des journalistes étrangers.
La proposition de la Commission, censée rapporter jusqu'à 55 milliards d'euros par an, prévoit des taux de prélèvement de 0,1% sur les actions et les obligations et de 0,01% sur les autres produits financiers, essentiellement les dérivés et produits structurés.
Toutefois, les premières discussions entre ministres européens des Finances ont mis en évidence de profonds clivages entre pays favorables à un tel dispositif, parmi lesquels la France et l'Allemagne, et ceux opposés, au premier rang desquels le Royaume-Uni qui y voit un danger pour la City de Londres, première place financière européenne. Or, les dossiers fiscaux requièrent l'unanimité des Vingt-Sept dans l'UE.
Dans ces conditions, la France et l'Allemagne envisagent d'aller seuls de l'avant avec les pays de la zone euro, dans le cadre par exemple d'une coopération renforcée entre un groupe de pays de l'UE, autorisée par le traité de Lisbonne. Paris se dit même prêt à commencer seul à introduire une telle taxe pour "montrer l'exemple".
La ministre danoise, dont le pays ne fait pas partie de l'Union monétaire, a fait valoir que les pays de la zone euro devraient eux aussi prendre en compte "le risque de perte de croissance et d'emplois".