La consommation des ménages français a reculé en mars, pâtissant notamment d'un repli des achats d'automobiles, une baisse pas encore "catastrophique" selon les économistes, mais qui pourrait se poursuivre, sur fond d'inflation et de chômage toujours élevé.
Le mois dernier, les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont reculé de 0,7% sur un mois, après avoir augmenté de 0,9% en février, a annoncé l'Insee jeudi.
Sur l’ensemble du premier trimestre, les dépenses ont tout de même progressé de 1,2%, après +1,8% au dernier trimestre 2010.
Dans le détail au mois de mars, les dépenses en biens durables ont reculé de 1%, après une hausse de 0,9% en février.
Les achats d’automobiles sont notamment en recul de 1,6% après +0,9% en février. Ils restent toutefois "dynamiques au premier trimestre" (+2,3%, après +14,5% au quatrième trimestre 2010), selon l'Insee, "en raison des délais de livraison nécessaires pour honorer les nombreuses commandes de fin d’année dernière liées à l’arrêt de la prime à la casse au 1er janvier 2011".
"Mais avec les dernières livraisons des véhicules commandés avant la fin de la prime à la casse, de nouveaux replis sont à prévoir dans les mois à venir", estime Alexander Law, chez Xerfi.
"Attendons-nous à un contrecoup au deuxième trimestre", lance aussi Nicolas Bouzou, économiste au cabinet Asterès.
Les achats en équipement du logement ont également baissé en mars (-0,6% après +0,9% en février), en raison notamment du recul des achats de meubles.
Le mois dernier, les achats de textile-cuir ont aussi baissé de 2,2%, après un mois de février en nette hausse (+4,1%), les soldes de début d’année ayant plus porté que d’habitude sur ce mois, selon l'Insee. Ils restent en hausse au premier trimestre (+0,8%, après -0,8% au dernier trimestre de 2010).
"Même si elles ne sont pas catastrophiques, ces évolutions rappellent une triste et inévitable réalité: la petite reprise de 2010 est déjà en train de s’étioler", estime Marc Touati, économiste d'Assya Compagnie Financière.
La plupart des économistes anticipent notamment un repli de la consommation au deuxième trimestre, qui a jusqu'ici soutenu la croissance française.
"Le chômage demeure à haut niveau et l’inflation augmente aujourd’hui plus vite que les revenus, alimentant à la fois une érosion du pouvoir d’achat et l’inquiétude des ménages", relève Alexander Law.
Le moral des ménages en France, resté stable en avril, peine en effet à remonter malgré la reprise et les Français sont même un peu plus pessimistes qu'auparavant au sujet de leur niveau de vie et du chômage, a annoncé mercredi l'Insee.
Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a pourtant enregistré en mars son troisième mois consécutif de baisse, une situation inédite depuis la plongée dans la crise financière et économique.
Pour Nicolas Bouzou, "la clé" réside désormais "dans la façon dont les ménages vont ajuster leurs comportements à la hausse des prix".
"Le ralentissement de la consommation pourrait se poursuivre au deuxième trimestre, en raison de l'accélération attendue de l'inflation", observe pour sa part Mathilde Lemoine, économiste chez HSBC.
"La croissance au deuxième trimestre pourrait, du coup, être plus faible que prévu", poursuit-elle.
Un sentiment partagé par Marc Touati, pour qui "la mollesse" attendue de la consommation "ne manquera évidemment pas de peser sur la croissance du produit intérieur brut français, qui, après un premier trimestre correct, devrait fortement reculer jusqu’à la fin 2011".