Agents du fisc et douaniers grecs ont entamé jeudi la première des grèves, prévues tout au long du mois de février pour protester contre les mesures d'austérité décidées par le gouvernement socialiste pour sortir de la crise financière.
Le Premier ministre Georges Papandréou a annoncé mardi, au delà du plan de sortie de crise soumis à la Commission européenne et approuvé par Bruxelles, un gel total des salaires des fonctionnaires, la hausse de l'âge du départ à la retraite et une hausse des taxes sur les carburants.
Le syndicat des quelque 15.000 agents du fisc s'affirme prêt à accepter la perte de privilèges fiscaux, mais juge inacceptable le total des coupes envisagées, qu'il chiffre à près du quart du revenu de ses membres. Les agents ont annoncé leur intention de faire à nouveau grève le 10 et le 17 février.
Les quelque 4.000 douaniers excluent pour leur part toute concession salariale.
De son côté, la puissante confédération des fonctionnaires (Adedy) qui compte près de 200.000 membres, a confirmé mercredi un appel à une grève de 24 heures pour le 10 février.
Le front syndical du parti communiste (Pame) a indiqué qu'il se joindrait à cette grève.
Pour le secteur privé, l'influente Confédération des travailleurs de Grèce (GSEE 600.000 adhérents), a annoncé son intention d'appeler à une grève générale le 24 février. Elle vient aussi de se retirer du dialogue social en cours sur la réforme des retraites.
"Je regrette profondément que le gouvernement se soit incliné devant les demandes des marchés financiers", a indiqué son secrétaire général, Yiannis Panagopoulos.
La Commission européenne a approuvé le plan d'économies grec tout en précisant qu'elle mettra le pays sous une surveillance étroite pour s'assurer de sa mise en oeuvre.
Commentant cette annonce, le ministre des Finances Georges Papaconstantinou avait indiqué qu'il s'attendait "à des réactions" mais que le gouvernement était "convaincu que la grande majorité de la population va nous soutenir parce qu'elle sait que ces décisions sont nécessaires".
La presse a fait part en revanche de son inquiétude sur d'éventuelles autres mesures de rigueur qui pourraient être prises dans l'avenir.
"Le gouvernement pourrait aller plus loin, en rognant les droits à la retraite, en réduisant même les pensions, bien qu'il ait catégoriquement démenti son intention de le faire", écrit le journal de gauche Eleftherotypia.
"S'emparer de l'argent de la population ne suffit pas à guérir l'économie si cet argent est dépensé pour rembourser ou faire de nouveau emprunts à des taux élevés", estime de son côté Apogevmatini (droite populaire).
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Stauss-Kahn a jugé quand à lui les mesures d'austérité annoncées "très difficiles" à prendre, et estimé que les pays membres de la zone euro ne peuvent "pas se permettre de ne pas aider la Grèce d'une façon ou une autre".
La dette de la Grèce s'élève à plus de 294 milliards d'euros (412 milliards de dollars) et son déficit se situe bien au-delà des limites des 3% du PIB acceptées pour les membres de la zone euro.