La Bourse de Paris vivait une nouvelle séance noire lundi, perdant plus de 4%, doutant des capacités de la zone euro à sauver la Grèce de la faillite et laminée par l'effondrement des valeurs bancaires.
A 11H44 (09H44 GMT), le CAC 40 lâchait 4,03%, soit 119,75 points à 2.854,84 points, dans un volume d'échanges de 1,537 milliard d'euros, après avoir déjà chuté de 3,60% vendredi. L'indice parisien retombe à son plus bas niveau en séance depuis le début du printemps 2009.
"Les marchés anticipent des scénarios très noirs et ne veulent retenir que les hypothèses les plus sombres", souligne Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
"Nous restons dans un marché de flux guidé par la peur", renchérit Franklin Pichard, directeur Barclays Bourse.
L'obsession des investisseurs reste toujours la Grèce. Ils craignent que le pays ne soit pas en mesure de respecter ses engagements budgétaires, ce qui entraînerait sa faillite et aggraverait la crise en zone euro.
"Il y a de grosses interrogations sur la Grèce qui a des problèmes pour réussir à se réformer aussi rapidement que ses partenaires l'exigent. Le scénario d'une faillite n'est plus exclu", selon M. Marçais.
Le ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler n'a d'ailleurs pas écarté cette hypothèse, en mettant en avant la nécessité de sauver l'euro.
La Grèce a tenté de rassurer afin de garantir le versement d'une prochaine tranche d'aide internationale, en mettant sur la table des mesures supplémentaires d'économies, pour 2 milliards d'euros.
Mais "le marché ne prend plus la Grèce au sérieux", souligne M. Pichard pour qui "la possibilité d'une faillite de la Grèce fait craindre un effet boule de neige néfaste pour le secteur bancaire et donc pour l'économie".
Au total, "une semaine à haut risque s’ouvre en Europe alors que la situation de la Grèce ne cesse de se détériorer ainsi que la patience de ses partenaires", résument les stratégistes du Crédit Mutuel-CIC.
Une réunion d'urgence du FMI doit se dérouler mercredi sur la Grèce avant la rencontre des ministres des Finances de la zone euro, puis de l'Union européenne vendredi et samedi en Pologne pour tenter de boucler le second plan d'aide au pays.
Outre la situation en zone euro, les marchés craignent toujours un ralentissement de l'économie aux Etats-Unis et en Europe.
Or, rien n'a été fait pour les rassurer durant la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des sept pays les plus riches de la planète (G7), qui se sont contentés de promettre une réponse "forte" et "coordonnée" à la crise mais sans préciser leur stratégie.
Cette réunion "ne donne pas le sentiment de prendre la mesure des inquiétudes qui se dessinent sur les marchés et susceptibles de fragiliser la construction de la zone Euro", prévient Philippe Waechter, économiste chez Natixis AM.
Aucune valeur du CAC 40 ne progressait et les valeurs bancaires étaient particulièrement laminées.
BNP Paribas perdait 12,52% à 26,07 euros, Crédit Agricole 10,03% à 4,86 euros et Société Générale 9,86% à 15,73 euros, ces trois établissement étant sous la menace d'une dégradation par l'agence de notation Moody's Investors Service qui doit achever mi-septembre l'examen de leurs notes.
L'assureur Axa lâchait 9,57% à 8,50 euros.
Parmi les autres titres, les valeurs cycliques, les plus dépendantes de la conjoncture, chutaient à l'image de Saint Gobain (-5,88% à 28,59 euros) et Alcatel-Lucent (-5,91% à 2,18 euros).
Technip résistait (-1,00% à 64,59 euros) après avoir annoncé l'acquisition de l'américain Global Industries, spécialiste des services pétroliers sous-marins.
Les valeurs défensives, moins sensibles aux soubresauts du marché, surnageaient comme Danone (-2,15% à 43,99 euros).