Bouygues Telecom a jeté un pavé dans la mare jeudi en annonçant qu'il ne répercuterait pas la hausse de la TVA sur ses forfaits de téléphonie mobile, affichant son ambition d'attirer des "millions" de clients ayant résilié leur abonnement chez un concurrent.
La filiale du groupe Bouygues a toutefois indiqué qu'elle augmenterait, comme ses concurrents Orange (France Télécom), SFR (Vivendi) et Free (Iliad), le prix des abonnements internet -- dans son cas, de 1,88 euro par mois.
"Sur les offres strictement mobiles, il n'y aura pas de hausse. Sur toutes les offres qui contiennent de l'internet fixe, il y aura une hausse de 1,88 euro, sauf pour la Bbox Fibre", a indiqué à l'AFP Frédéric Ruciak, directeur général adjoint marketing de Bouygues Telecom.
La hausse s'appliquera début mars à la box internet standard à 29,99 euros et sur toutes les formules de l'offre Ideo, qui combine téléphone fixe et portable, internet et télévision et représente une majorité des 645.000 abonnés internet de Bouygues enregistrés fin septembre.
A cette date, Bouygues comptait 10,7 millions d'abonnés à ses services de téléphonie mobile.
Proclamant une "guerre concurrentielle au bénéfice du consommateur", l'opérateur invite ouvertement les clients de ses concurrents dont les forfaits augmentent à le "rejoindre".
"A partir du 1er février, plusieurs millions de personnes seront libérées de leur engagement chez des opérateurs concurrents. En effet, le tarif de leur offre ayant augmenté, ils pourront, pendant quatre mois, sans frais de résiliation, choisir de rejoindre Bouygues Telecom", écrit-il dans un communiqué.
Ses principaux concurrents dans la téléphonie et l'internet --SFR, Orange et Free-- ont tous les trois annoncé qu'ils répercuteraient la hausse de la TVA, décidée par le gouvernement, sur les abonnements de leurs clients à partir du 1er février.
Chez Orange, les forfaits "triple play" combinant internet, téléphone fixe et télévision, ainsi que trois gammes de forfaits mobiles se voient appliquer une augmentation allant de un à trois euros.
Chez SFR, les forfaits internet grimpent de deux euros et huit gammes de forfaits mobiles augmentent également. Les clients de Free doivent débourser 1,99 euro supplémentaire s'ils veulent garder la télévision sur leur box.
Ces modifications tarifaires donnent le droit aux clients de résilier leurs abonnements, pendant quatre mois.
"C'est la compétition, la concurrence à outrance", a clamé M. Ruciak. "Au lieu d'augmenter les prix et de prier pour qu'il n'y ait pas trop de clients qui partent, on préfère être généreux avec nos clients", a-t-il expliqué.
"Certes, cela nous fait perdre de l'argent parce qu'il va bien falloir payer les taxes au gouvernement, mais on parie sur le fait qu'on va séduire de nouveaux clients qui vont en partie compenser" ce geste, a avancé le directeur adjoint de Bouygues Telecom.
"Orange avait déjà baissé ses tarifs à la rentrée, et SFR en novembre. Il fallait donc que Bouygues suive en baissant ses prix lui aussi, il profite juste de la TVA pour le faire", a répliqué un porte-parole de SFR.
Free et Orange n'ont pas commenté.
La hausse de la TVA "est l'occasion de faire du marketing. Chacun en profite pour se repositionner" en faisant "de nouvelles offres pour mieux attaquer le marché", analyse Laurent Zenou, spécialiste en télécoms chez Analysys Mason.
Free a ainsi offert à ses clients d'appeler gratuitement vers les mobiles depuis leur poste fixe s'ils s'abonnaient à sa nouvelle box, plus chère. SFR fait de même, et l'offre également en option (3 euros par mois) sur ses anciennes box. Ni Orange ni Bouygues n'ont révélé leurs intentions.