par Renee Maltezou
ATHENES (Reuters) - Stabiliser l'économie et négocier un allègement de la dette grecque figureront en tête des priorités du nouveau gouvernement grec, a déclaré lundi Alexis Tsipras, reconduit au pouvoir lors des élections législatives de dimanche en Grèce.
"L'objectif immédiat de la période à venir est de rétablir pleinement la stabilité de l'économie et des activités bancaires et d'élargir le terrain que nous avons gagné dans les négociations (avec les créanciers)", a déclaré Alexis Tsipras, qui devait être investi dans l'après-midi au poste de Premier ministre.
La "première bataille cruciale" du gouvernement grec est l'allègement de la dette, a-t-il dit à des membres de Syriza.
Le parti de la gauche radicale a obtenu dimanche une victoire plus nette que prévue et Alexis Tsipras entend reconduire la coalition qu'il formait dans la précédente législature avec les Grecs indépendants (droite souverainiste).
Mais pour renforcer la position d'Athènes dans les discussions à venir avec ses partenaires européens sur le poids de la dette grecque, il tentera de forger un consensus élargi avec les autres partis politiques, a déclaré un cadre influent de Syriza. "Nous allons demander à toutes les forces politiques de soutenir nos efforts", a-t-il dit.
Plusieurs gouvernements européens, à commencer par l'Allemagne, s'opposent à une réduction de la dette grecque mais ne sont pas hostiles à son rééchelonnement.
La semaine dernière, des sources au sein de la zone euro ont indiqué à Reuters que les gouvernements étaient prêts à plafonner à 15% du PIB de la Grèce le service de la dette qui pèse sur les finances publiques.
TSAKALOTOS PROBABLEMENT RECONDUIT AUX FINANCES
Ce mécanisme prévu à long terme aurait pour effet de réduire le montant consacré chaque année par l'Etat grec au paiement des intérêts et au remboursement de la dette publique en cas de ralentissement économique et de l'augmenter si la croissance est plus soutenue.
La Grèce plaide pour une réduction du montant nominal de sa dette aux autres pays de la zone euro, mais les ministres des Finances de l'Eurogroupe ont catégoriquement exclu cette hypothèse le mois dernier.
En avril, le montant total de la dette publique grecque atteignait 301,5 milliards d'euros, dont 197 milliards d'euros dus à ses partenaires de la zone euro.
Rapporté au poids de son économie, l'endettement de la Grèce représente encore 168,8% de son PIB, contre 177,1% en 2014. Pour le Fonds monétaire international (FMI), la dette publique d'un Etat n'est soutenable qu'à condition de ne pas dépasser 120% du PIB.
Toujours selon ce cadre de Syriza, Alexis Tsipras envisage en outre de former un conseil national de politique européenne qui intégrerait des représentants d'autres partis siégeant au Parlement.
Ce conseil aurait un rôle de conseil auprès du futur ministre des Finances. D'après un responsable de Syriza, ce poste devrait être confié de nouveau à Euclide Tsakalotos, qui a succédé début juillet à Yanis Varoufakis et a négocié les termes du troisième plan d'aide financière accordé cet été à la Grèce.
Pour Malcolm Barr, analyste chez JP Morgan, les discussions devraient aboutir d'ici le début de l'année prochaine sur une restructuration de la dette grecque. "Nous continuons de penser que le programme (du plan d'aide) progressera suffisamment pour permettre une restructuration des prêts de pays de la zone euro d'ici la fin du premier trimestre 2016", écrit-il dans une note.
(Marc Angrand, Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Tangi Salaün)