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Avis de tempête sur la filière photovoltaïque française

Publié le 03/12/2010 18:30
Mis à jour le 03/12/2010 18:45

L'annonce par le gouvernement d'une suspension de 4 mois des aides à l'énergie solaire a retenti comme un coup de tonnerre chez les industriels du photovoltaïque qui ont dénoncé vendredi l'absence de visibilité pour investir, après trois changements de normes en moins d'un an.

"Une activité mise entre parenthèse pendant 4 mois, c'est insupportable!", s'énerve André Antolini, président du syndicat des énergies renouvelables (SER). "Dites à l'industrie automobile de ne plus vendre de voitures pendant 4 mois..."

"C'est scélérat, en plus d'être absurde", s'emporte de son côté Arnaud Mine, président du groupement des professionnels du solaire photovoltaïque (SOLER).

Les fabricants et installateurs de panneaux solaires sont vent debout contre un projet de décret qui risque de mettre en péril une activité en plein décollage.

"Cinq industriels ont annulé en catastrophe ce (vendredi) matin des projets d'augmentation de leur production", affirme Yann Maus, président de l'association de l'Industrie photovoltaïque française (IPF).

A l'issue d'une réunion avec sept ministres jeudi, le chef du gouvernement François Fillon a décidé d'un moratoire sur les nouveaux projets de panneaux solaires, à l'exclusion de ceux des particuliers.

Dès la parution du décret, les initiateurs de projets de centrales photovoltaïques ne pourront plus se faire racheter leur électricité par EDF. Et au bout de quatre mois, ils devront déposer une nouvelle demande de rachat, à un tarif et dans des conditions encore inconnues.

Le gouvernement entend dans ce laps de temps mener une concertation pour remettre à plat l'ensemble du dispositif de soutien public à l'énergie solaire, qu'il juge trop coûteux.

"C'est un coup d'arrêt du développement du solaire qui a été décidé et les conditions de son redémarrage sont à ce jour assez imprécises", estime l'avocat spécialisé en droit de l'environnement Arnaud Gossement sur son blog.

Ce "coup d'arrêt" intervient après plusieurs coups de frein successifs. Le gouvernement a abaissé à deux reprises le tarif de rachat de l'électricité solaire en janvier et en septembre.

Le crédit d'impôt accordé aux ménages pour l'achat de panneaux solaires a été réduit de moitié le 29 septembre. Et deux autres aides fiscales, destinées à soutenir les PME du secteur et le photovoltaïque Outre-Mer, ont été purement et simplement supprimées.

"Le premier critère pour mettre en place une industrie, c'est la stabilité. On ne peut pas changer d'avis tous les trois mois. C'est un gag! Un triste gag!", dénonce Arnaud Mine.

La puissance du parc photovoltaïque a plus que doublé depuis fin 2009 et atteignait 720 mégawatts (MW) au 30 septembre (+137%). Et les projets en file d'attente atteignaient 3.550 MW!

Un emballement de la filière représente un fort enjeu politique car il menace de faire flamber la facture d'électricité. Le rachat de l'électricité photovoltaïque par EDF est en effet financé par les consommateurs d'électricité par le biais de la Contribution au service public de l'électricité (CSPE).

Mais si les industriels reconnaissent la nécessité de baisser les tarifs d'achat, ils réclament plus de prévisibilité pour un secteur qui emploie, selon eux, 25.000 personnes.

Benoît Rolland, directeur général du fabricant de panneaux solaires Tenesol, ne cache pas son inquiétude: "on est passé de 100 million à 300 millions d'euros de chiffre d'affaire en moins de trois ans. Pour la première fois, on va exporter 50% de notre production à l'étranger. Ce qui se passe actuellement est très problématique pour nos 800 collaborateurs français".

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