La péninsule ibérique a été samedi à la pointe des protestations contre l'austérité avec plusieurs milliers de personnes qui ont manifesté à Lisbonne et dans diverses villes du Portugal tandis qu'à Madrid les Indignés ont organisé un concert de casseroles.
Au Portugal, les protestations ont pris un aspect festif et culturel avec la participation de nombreux artistes - comédiens, musiciens, chanteurs ou danseurs - notamment à Lisbonne où un podium a été installé sur la place d'Espagne, l'une des plus importantes de la capitale.
"La culture est résistance, les artistes sont dans la rue", a été le principal mot d'ordre de cette manifestation dite "culturelle" qui devait se prolonger tard dans la soirée et à laquelle plusieurs milliers de personnes ont assisté.
Au même titre que le gouvernement du Premier ministre de centre-droit, Pedro Passos Coelho, les créanciers du pays, la "troïka" (UE-FMI-BCE), ont été les principales cibles des manifestants.
"La troïka et le gouvernement dehors", clamait une grande banderole, "le Portugal en assez d'être volé et humilié", pouvait-on lire sur une petite affiche.
Des artistes ont également participé à des manifestations anti-austérité dans diverses villes du Portugal et notamment dans le nord à Porto et Braga.
Dans le centre de Madrid environ 2.000 personnes ont manifesté à l'appel des "indignés", en scandant "Nous ne devons rien à personne, nous ne payerons pas", le tout accompagné d'un concert de casseroles.
"L'idée, c'est de faire du bruit pour qu'ils nous entendent, mais nous savons déjà que ces dirigeants n'ont pas d'oreilles pour nous", expliquait Marita.
Les protestataires, hommes et femmes de tous âges, certains avec leurs enfants, étaient partis du siège de la représentation de l'Union européenne (UE) dans la capitale espagnole pour parcourir le centre-ville et gagner la place de la Puerta del Sol, lieu emblématique du mouvement des "Indignés".
A l'instar des Indignés espagnols, les groupes apolitiques portugais, désormais fer de lance de la contestation, utilisent les réseaux sociaux comme caisse de résonance. C'est ainsi qu'ils ont réussi, il y a un mois, à faire descendre, du nord au sud du pays, plusieurs centaines de milliers de personnes, une mobilisation sans précédent depuis que le Portugal a obtenu, en mai 2011, un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros.
Alors que les artistes se relayaient à Lisbonne sur le podium de la Place d'Espagne, le principal syndicat portugais, la CGTP, qui appelé à la grève générale le 14 novembre, a fait défiler dans la capitale plusieurs milliers de sympathisants jusqu'au Parlement où doit être présenté lundi le budget pour 2013, d'une exceptionnelle rigueur.
"Le gouvernement ne tient plus que par un fil. Plus vite nous le couperons, plus vite le gouvernement s'effondrera", a lancé le secrétaire général de la CGTP, Armenio Carlos.
En échange du plan d'aide le gouvernement portugais a mis en oeuvre un programme de réformes et de rigueur qui a contribué à aggraver la récession et le chômage, l'économie devant reculer cette année de 3%, et le nombre de chômeurs atteindre 16% de la population active.
Après avoir admis qu'il ne pourrait respecter ses engagements de réduction du déficit public, le gouvernement portugais a obtenu de la "troïka" (UE-FMI-BCE) représentant ses créanciers un allégement de ses objectifs, mais en échange il lui a fallu s'engager à de nouvelles mesures d'austérité.
Il a opté pour une hausse généralisée des impôts dont le ministre des Finances, Vitor Gaspar, a déjà révélé les grandes lignes avec en particulier un taux moyen devant passer de 9,8% cette année à 13,2% l'année prochaine.