La Bourse de New York va garder la semaine prochaine les yeux rivés vers l'Europe, dont la crise, née des difficultés budgétaires de la Grèce, a fait vivre une folle semaine aux investisseurs.
"Le marché a fini par prendre en compte les événements externes qui pourraient avoir un effet négatif sur l'économie américaine", constate Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.
Sur la semaine écoulée, l'indice phare de Wall Street, le Dow Jones, a subi sa plus forte baisse depuis mars 2009: il a perdu 5,71%, terminant à 10.380,43 points. En terme de points (-628,18 points), il s'agit de la neuvième pire semaine de l'indice plus que centenaire.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a chuté de 7,94%, à 2.265,64 points, et l'indice élargie Standard & Poor's 500 de 6,39% à 1.110,88 points.
Après une séance positive lundi, la place new-yorkaise n'a cessé de s'enfoncer, avec pour apogée jeudi un brusque décrochage de presque 1.000 points du Dow Jones (plus de 9%), du jamais vu. Il a limité ses pertes à 3,2% en clôture.
Si les circonstances entourant cette brève chute spectaculaire restent floues, l'origine de cette semaine éprouvante pour les investisseurs est parfaitement claire.
Malgré l'adoption d'un plan colossal de 110 milliards d'euro par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, les mesures d'austérité imposées en échange se sont traduites par de violentes manifestations en Grèce.
Le marché s'inquiète en outre de voir les difficultés d'Athènes toucher d'autres pays de la zone euro, en premier lieu le Portugal et la Grèce.
La conséquence est double pour les investisseurs américains. La chute de l'euro face au dollar pourrait pénaliser les exportations des Etats-Unis. Et une crise généralisée en Europe ralentirait la reprise de l'économie mondiale.
"On a eu la crise des +subprime+ (prêts à risque, ndlr), qui venait des Etats-Unis, on a la crise de la dette souveraine qui vient d'Europe", estime Gregori Volokhine. "Dans la crise des subprimes, ce qui a sauvé les banques, ça a été l'aide de l'Etat, il faut qu'il y ait quelque chose qui se passe en Europe".
"Le FMI et même le G20 doivent intervenir, avec de vraies mesures de soutien", renchérit Marc Pado, de Cantor Fitzgerald. "Mais il reste au Portugal et à l'Espagne, et potentiellement à l'Irlande et l'Italie, à prendre des mesures fortes pour réduire leurs déficits".
"Quand la situation se stabilisera, cela aidera les marchés américains à se reconcentrer vers le marché intérieur", ajoute l'analyste. "Le pays entier ne va pas s'effondrer. Il y aura certaines compagnies exposées aux marchés étrangers, qui vont sentir l'effet de ne pas pouvoir y vendre des tracteurs ou des avions. Mais les sociétés elles-mêmes sont bien préparées à une récession: elles disposent d'importantes liquidités, et les stocks sont faibles. La situation est totalement différente qu'en 2008 et 2009".
Les opérateurs attendent surtout le résultat du sommet, entamé vendredi à Bruxelles, des chefs d'Etat et de gouvernement européens qui devaient promettre de durcir leur discipline budgétaire et discuter de la création d'un fonds pour protéger leurs pays.
Côté américain, l'agenda macroéconomique sera plus léger, dominé par une série d'indicateurs vendredi: les ventes de détails, la production industrielle, et l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan.