Les vols de métaux explosent et sont une nuisance pour les entreprises, comme la SNCF, et les biens de l'Etat, selon une étude inédite sur le sujet de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).
Cette étude a été réalisée essentiellement a partir des données de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) mais aussi celles de la SNCF, de Réseau de transport d'électricite (RTE) et ERDF particulièrement concernés par ce fléau.
Le vol de métaux a explosé en France ces dernières années en raison de la hausse continue des cours et de la facilité a perpétrer ces vols.
L'année 2010, qui sert de référence a l'ONDRP, a été un pic puisque plus de 10.OOO vols de métaux ont été recensés contre un peu plus de 6.000 en 2007.
Ces vols ne sont pas comptabilisés par les statistiques officielles en tant que telles, observe l'ONDRP, mais c'est un "phénomène criminel dont les préjudices, au regard du gain obtenu par les auteurs, apparaissent sans commune mesure".
L'observatoire pointe le "coût des réparations" qu'ils engendrent ainsi que les "retards de trains, coupures d'électricité" voire la "mise en danger de la vie des employées" ou des "voyageurs".
En mars 2011, rappelle-t-il, un plan d'urgence a été mis en oeuvre par l'Etat et les entreprises concernées.
Selon des sources policières, il semble avoir ralenti le phénomène sans y mettre un terme mais les sources n'ont pas communiqué de chiffres fiables.
L'étude décrypte le phénomène à partir de chiffres bruts de 2010: selon l'OCLDI, plus de 10.000 faits ont été comptabilisés par les forces de l'ordre. Pour 58%, il s'est agi de cuivre, quelque 16% de plomb/étain, plus de 10% d'acier.
SNCF: 30 millions d'euros de préjudice
Pour 64% des cas, les vols ont été perpétrés par effraction et les sites les plus visés ont été les entreprises, à plus de 31%, suivies des propriétés privées (22,4%), des chantiers (17%), entrepôts (16,3%) et domaines de l'Etat (près de 13%).
Ces larcins sont "difficiles a élucider" car, dit l'observatoire, il ont lieu "en pleine campagne" ou dans des zones industrielles et endroits isolés.
S'agissant du profil de leurs auteurs, il y a eu, toujours en 2010, 1.538 personnes "mises en cause": des locaux et/ou personnes vivant a proximité des faits, à 45%. Plus de 27% sont des "itinérants", français et étrangers mêlés, et seulement 1% des employés.
Les "grandes entreprises nationales" sont "particulièrement concernées" tant par le "nombre que les préjudices et leurs conséquences", relève encore l'étude.
En 2010, la SNCF a ainsi recensé à elle seule 3.350 vols de métaux soit +181,5%, par rapport a 2009, pour un préjudice estimé par elle à 30 millions d'euros. Et plus de 5.800 heures de retards des trains...
A 48% ce sont des vols de câbles électriques et les trois quarts ont lieu sur les lignes de circulation des trains la nuit.
RET et ERDF ont enregistré, pour leur part, toujours en 2010, 800 vols pour un préjudice estimé, par eux, à quelque 15 millions d'euros dont plus de 12 millions rien que pour RTE victime en majorité de vols de cuivre.
Rouen, Lille, Bordeaux, Narbonne, Béziers ou Toulon sont des zones SNCF où se sont concentrés les vols, les seules lignes épargnées étant celles du centre de la France et le nord-ouest.
Pour ce qui est de RTE et ERDF, le sud-ouest et la région Méditerranée "cumulent les deux tiers des faits".