Les ministres allemand et français des Finances Wolfgang Schäuble et Christine Lagarde ont réagi mardi avec prudence à l'idée d'introduire une taxe sur les transactions financières, en marge d'une réunion avec leurs homologues européens à Bruxelles.
Une taxe sur les transactions financières ne peut fonctionner "de façon sensée que si c'est mis en oeuvre à l'échelle mondiale", a indiqué le ministre allemand Wolfgang Schäuble. "Et il y a des doutes considérables de parvenir à un accord global".
"Mais je suis néanmoins favorable à ce que nous les Européens militions ensemble pour une telle solution. La date décisive est le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement (du G20) en juin au Canada".
Son homologue française Christine Lagarde a estimé qu'il "fallait considérer la taxation des banques et du secteur financier en général, dans son ensemble, et faire très attention à la base sur laquelle on calcule la taxe".
Les transactions financières "pourraient ne pas être le moyen le plus efficace de calculer une taxe ou un impôt", a estimé Mme Lagarde. Il y a d'autres bases de calcul, "les transactions financières en sont une, le bilan des banques en est une autre, et sur le bilan il y a diverses méthodes que l'on peut utiliser".
En tout état de cause, "il doit n'y avoir aucune discrimination ni aucun avantage comparatif pour les banques ou les institutions financières qui resteraient en dehors du champ de taxation", a estimé Mme Lagarde.
Dans une lettre envoyée la semaine dernière aux autres responsables européens, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a demandé que l'Europe plaide au G20 pour une taxe sur les institutions financières.
M. Barroso représentera l'UE au G20 de Toronto les 26 et 27 juin, au côté du président de l'UE, Herman Van Rompuy.
Début avril, la Commission a publié une étude selon laquelle une telle taxe pourrait "générer des revenus substantiels" allant jusqu'à plus de 50 milliards d'euros.
L'idée fait déjà son chemin parmi les dirigeants européens. Le gouvernement de coalition britannique a annoncé son intention de mettre en place une taxe sur les banques.
La mesure a déjà été adoptée fin mars par l'Allemagne, où le nouvel impôt doit alimenter à hauteur de plus d'un milliard d'euros par an un fonds de secours au secteur bancaire.