Les entreprises innovantes sont entrées jeudi dans le débat présidentiel en avançant une dizaine de propositions pour dénicher des points de croissance dont la France a cruellement besoin si elle veut créer des emplois et assainir ses finances publiques.
"Les programmes des partis politiques français pour la campagne de 2012 témoignent clairement de cette prise de conscience récente du lien entre PME, processus d'innovation et croissance et donc emploi", estime dans un Livre blanc le Comité Richelieu, qui représente les petites et moyennes entreprises innovantes.
Les deux premiers axes des dix propositions: redéfinir de façon plus rigoureuse le statut d'entreprise innovante pour une politique de l'innovation économe des deniers de l'Etat, financer l'innovation au-delà de la seule phase de recherche et développement et orienter vers elle l'investissement et l'épargne populaire.
Troisième grand axe: faciliter l'accès de ces entreprises aux commandes publiques et à celles des grands groupes privés afin de leur donner une base de trésorerie et des références pour conquérir des marchés étrangers, sans lesquels elles ne peuvent croître. Le comité dresse "un constat sns appel: dans tous les pays où les politiques de soutien à la croissance réussissent comme la Suède ou l'Allemagne, la priorité est donnée aux entreprises innovantes, start-up et PME".
Il s'inquiète pour la France et son commerce extérieur: "sur les vingt produits technologiques les plus vendus en France, aucun n'est français".
"Il est connu et reconnu désormais que les PME sont les premiers acteurs de l'innovation et non les grands groupes", martèle l'association, pour qui ce constat a été fait une trentaine d'années plus tôt aux Etats-Unis.
Prendre les politiques au mot
Mais à présent, "la France est mûre et il n'y a jamais eu de conjonction aussi favorable: l'accueil est excellent et nous avons une série de rendez-vous prévus avec les principaux partis de gouvernement", a affirmé jeudi au cours d'une conférence de presse son délégué général, Denis Bachelot.
Les hommes politiques "cherchent des idées" et "se rendent bien compte" que "ce n'est pas en ouvrant le robinet de la consommation qu'on s'en sortira", a dit à l'AFP Patrice Noailles, économiste spécialiste de l'innovation.
Ce coauteur du Livre blanc dit évaluer à un point de croissance le possible impact à terme des mesures proposées, en fonction du délai de décollage.
"Innovation ne signifie pas que recherche", insiste le comité, évoquant design, applications... "Le champion de l'innovation qu'est Apple a lancé l'iPod, l'iPad ou l'iPhone avec des technologies qui, pour l'essentiel, viennent de l'extérieur", souligne-t-il.
"Il y a trop d'exemples où l'avance technologique de notre pays n'a pu se traduire par un succès industriel. La société Micral avait inventé le micro-ordinateur cinq ans avant Apple et la société Archos le baladeur numérique trois ans avant Apple!", affirme l'association créée en 1989.
Les gestes de politiques se multiplient. Fin novembre, le ministre de l'Economie François Baroin effectuait une tournée de sociétés innovantes dans l'Essonne et écoutait leurs témoignages sur le site du pôle technologique régional Systematic.
Mercredi, le conseil des ministres se penchait sur le sujet, soulignant que "les aides publiques à l'innovation ont été recentrées sur les PME".
"Je veux, pour les cinq ans qui pourraient être ceux de mon mandat, réindustrialiser la France", déclarait le même jour en Bourgogne le candidat du Parti socialiste à la présidentielle François Hollande, appelant à "innover".
"Les politiques qui parlent d'innovation, de PME et d'industrialisation nous les prendrons au mot", a lancé Denis Bachelot.