Les principaux syndicats grecs appellent à manifester mercredi contre les mesures de rigueur prévues dans le plan de sauvetage record débloqué par l'Europe en faveur d'Athènes, qui engage une course contre la montre pour faire voter une série de réformes législatives.
Au lendemain de l'accord décidé au forceps par les ministres des Finances de la zone euro dans la nuit de lundi à mardi à Bruxelles, la première riposte des centrales syndicales grecques est attendue dans l'après-midi.
"Tous ensemble nous pouvons balayer les nouvelles coupes sur les retraites", affirment la Confédération générale des travailleurs, GSEE (privé), et la Fédération des fonctionnaires, Adedy (public), qui appellent à un rassemblement à 14H00 GMT sur la place Syntagma d'Athènes, au pied du parlement.
"Les mesures qui vont être votées au parlement sur les nouvelles coupes constituent le coup de grâce pour les retraités et pour le système de sécurité sociale dans le pays", prédisent dans un communiqué les deux principales centrales du pays.
Le syndicat pro-communiste Pame mobilisera également ses troupes à 16H00 GMT à Athènes et une manifestation est aussi prévue à Salonique, la deuxième ville grecque dans le nord.
La situation sociale reste très tendue dans un pays subissant sa cinquième années de récession et où chaque journée offre son lot de mouvements de grèves ou de manifestations sectorielles, des retraités aux avocats, en passant par les employés de structures publiques vouées à la restructuration.
La dernière mobilisation massive, assortie d'affrontements violents, remonte au dimanche 12 février lorsque plus de 100.000 Grecs, dont 80.000 à Athènes, avaient manifesté au moment du vote au parlement d'un accord de principe sur le nouveau programme d'austérité demandé à la Grèce en échange du déblocage d'un programme de renflouement et de désendettement du pays.
Ce plan de sauvetage d'une ampleur inédite a finalement reçu dans la nuit de lundi à mardi le feu vert des ministres des Finances de la zone euro.
Il prévoit d'une part un volet d'aide publique --des prêts, pour l'essentiel-- à hauteur de 130 milliards d'euros jusque fin 2014, après un premier programme de soutien à la Grèce décidé en mai 2010 qui avait atteint déjà 110 milliards d'euros, en partie versés.
L'autre volet du plan porte sur un effacement de la dette de la Grèce détenue par ses créanciers privés, banques et fonds d'investissement. Ce PSI, tiré de l'acronyme anglais private sector involvement, va permettre d'alléger la dette souveraine grecque de 107 milliards d'euros au prix d'une décote sur la valeur nominale des titres de 53,5% et de pertes réelles pour les banques détentrices des titres supérieures à 70% de leur mise initiale.
L'ensemble de l'aide vise à éviter un défaut de paiement de la Grèce en vue de l'échéance du 20 mars, date à laquelle le pays doit rembourser 14,5 milliards d'euros.
L'accord trouvé avec ses partenaires européens impose maintenant à Athènes un calendrier très serré pour traduire dans sa législation les décisions validées à Bruxelles.
"Beaucoup de choses doivent encore être accomplies dans les trois prochaines semaines", a rappelé mardi soir le Premier ministre Lucas Papademos à l'issue d'un conseil des ministres.
Mercredi, les députés de la commission économique vont commencer à examiner le projet de loi sur le PSI qui sera adopté avant la fin de la semaine, sans doute jeudi, a indiqué à l'AFP une source du ministère des Finances.
Le ministre des Finances Evangélos Vénizélos avait présenté mardi soir les étapes à suivre pour ce PSI: les créanciers privés volontaires pour l'échange de titres se feront connaître d'ici le 9 mars, l'opération elle-même aura lieu le 12 mars pour une signature attendue du nouvel accord de prêt (avec les partenaires européens et le FMI) envisagée le 19 mars.
Deux autres projets de loi importants sont à l'ordre du jour du parlement: le premier, déposé dès mardi, porte sur l'ensemble des mesures budgétaires qu'avaient exigées les créanciers du pays avant le déblocage de la deuxième aide financière. Parmi elles figurent les très impopulaires baisses du salaire minimum et coupes dans les retraites complémentaires.
Le second projet réforme le système de santé publique en abaissant les dépenses d'un milliard d'euros en 2012, notamment par des fusions d'hôpitaux.
Alors que le plan de sauvetage a suscité la réserve des marchés et de nombreux économistes qui doutent de voir la Grèce sortir la tête de l'eau, Lucas Papademos s'est montré mardi soir relativement optimiste: si tout est mené à bien dans les temps, "je pense que l'année prochaine sera marquée par la mise en place des conditions de stabilité qui conduiront à une reprise progressive".