Le gouvernement a entamé jeudi un "bras de fer" avec ArcelorMittal pour sauver les hauts-fourneaux de l'aciérie de Florange (Moselle) dont l'avenir sera scellé lundi lors d'un CCE.
"Nous sommes aujourd'hui dans un bras de fer qui commence et nous allons le mener ensemble", a déclaré le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, après une rencontre à la mairie de la commune avec les syndicats de l'aciérie, dont les deux hauts-fourneaux, à l'arrêt depuis 14 mois, sont menacés d'une fermeture définitive.
"Le gouvernement ne veut pas se retrouver à gérer un plan social de plus", a dit M. Montebourg. Les hauts-fourneaux concernés représentent 570 emplois directs, mais un millier en comptant les sous-traitants, selon les syndicats.
ArcelorMittal doit comprendre "que le gouvernement français va exercer tout son poids pour qu'il y ait une solution de reprise et qu'il y ait des investissements dans la partie qu'il continuera à exploiter", a-t-il lancé.
Peu avant cette annonce, le président François Hollande avait reçu "en tête-à-tête" le PDG d'ArcelorMittal pour lui faire part "des exigences de l'Etat et du gouvernement", a précisé l'Elysée.
Selon M. Montebourg, le numéro un mondial de l'acier a déjà fait "la première concession", qui "consiste aujourd'hui à accepter une reprise (à Florange) là où ailleurs, dans d'autres sites, il la refuse".
Mais pour les syndicats, qui soulignent le caractère rentable du site, la cession de la filière "chaude" (production d'acier à partir de minerai de fer et de coke, dans les hauts-fourneaux) par ArcelorMittal qui garderait la filière "froide" est "un non-sens". Florange est "un site intégré, c'est pour ça que ça marche", a estimé Yves Fabbri, de la CGT.
La direction d'ArcelorMittal dira lundi lors d'un comité d'entreprise extraordinaire à Saint-Denis près de Paris (suivi d'un autre CCE le lendemain à Metz) "ce qu'il a finalement décidé" et "en prendra seul la lourde responsabilité", a assuré le ministre devant 400 salariés qui ont hué chaque mention du nom de leur groupe.
Le gouvernement a "répété, martelé, rappelé" qu'il souhaitait le redémarrage des hauts-fourneaux et "à l'évidence, il ne vous a pas échappé que ce souhait n'était nullement partagé par les actionnaires et la direction du groupe ArcelorMittal", a souligné M. Montebourg.
Les activités éventuellement abandonnées dans la filière "chaude" doivent "faire l'objet d'une reprise par tout opérateur intéressé dans le monde". Quant aux investissements dans la filière "froide", ils devront être de 150 millions d'euros sur cinq ans, a-t-il exigé.
Si la direction décidait lundi d'un arrêt définitif, le gouvernement se tiendra "prêt à rechercher un opérateur industriel durable et sérieux".
Autre menace, M. Montebourg a assuré que le projet de loi organisant "la reprise par voie de justice d'un site industriel viable" était "prêt sur (son) bureau", et qu'il pouvait être "discuté à tout moment par l'Assemblée nationale".
Les syndicalistes reçus par M. Montebourg se sont dits "déçus", mais la CFDT a défendu le principe d'une telle loi. De leur côté, la CGT et FO ont appelé à une nationalisation de l'usine.
L'arrêt des hauts-fourneaux de Florange depuis l'an dernier entraîne du chômage partiel massif pour une grande partie des 2.500 salariés permanents du site, et pèse sur les nombreux sous-traitants.