Le gouvernement annoncera mercredi un tour de vis budgétaire indispensable pour tenir des engagements financiers "intangibles", avec un coup de rabot sur les niches fiscales, en pleine tourmente sur les marchés financiers, et à huit mois de la présidentielle.
Le premier rendez-vous d'importance de la semaine aura toutefois lieu dès mardi, lorsque le ministre des Finances François Baroin recevra à Bercy son homologue allemand Wolfgang Schäuble pour jeter les bases d'une gouvernance renforcée de la zone euro, une nouvelle étape sur le chemin escarpé du retour à la confiance.
Au menu de cette rencontre: l'harmonisation franco-allemande de l'impôt sur les sociétés, l'adoption d'une "règle d'or" pour la maîtrise des déficits publics par les 17 membres de la zone ou l'institution d'une taxe sur les transactions financières.
Les Bourses mondiales auront les yeux rivés sur cette rencontre dont la feuille de route avait été fixée la semaine dernière par "Merkozy", sobriquet donné par les marchés au duo formé par le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel.
Les Bourses européennes ont encore lourdement chuté jeudi et vendredi, pas vraiment rassurées par les projets franco-allemands.
Au chapitre budgétaire, le gouvernement a préparé les esprits à un nouveau coup de rabot sur les niches fiscales tandis que les "ultra-riches" pourraient devoir mettre la main à la poche via une taxe exceptionnelle. Le Premier ministre François Fillon, François Baroin et sa collègue du Budget Valérie Pécresse annonceront la couleur mercredi.
Une seule certitude: les niches seront une nouvelle fois rabotées au-delà des 3 milliards d'euros prévus en 2012. L'objectif, dont François Fillon a réaffirmé ce week-end qu'il était "intangible", est de ramener les déficits publics à 5,7% du PIB cette année, 4,6% en 2012 et 3%, seuil autorisé par les traités européens, en 2013.
Si le gouvernement se garde encore d'annoncer le montant de la facture, économistes et parlementaires avisés des commissions des finances de l'Assemblée et du Sénat parlent d'un effort supplémentaire de 5 à 10 milliards d'euros, d'autant que la croissance montre des signes d'essoufflement pourrait être revue à la baisse.
"Le Sénat avait déjà donné l'alerte au mois de juillet sur la nécessité de trouver de 6 à 10 milliards d'économies supplémentaires", rappelle le président UMP de la Haute assemblée Gérard Larcher dans les colonnes du Journal du Dimanche.
Les syndicats, qui redoutent une cure d'austérité drastique, seront reçus par le Premier ministre François Fillon à partir de jeudi.
Mais quoi qu'il en soit, le cadrage budget 2012, s'annonce de l'aveu même du ministre des Finances comme "le plus difficile du quinquennat" à l'approche de la présidentielle et des législatives.
Les nerfs sont à vif. En témoigne la charge peu diplomatique de l'économiste en chef de la Banque centrale européenne Jürgen Stark contre "une déclaration irréfléchie" de François Baroin qui avait évoqué le 8 août des rachats de dette espagnole et italienne par la BCE, muette à ce sujet.
Devant la menace d'un éclatement de la zone euro, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin parle d'une "stratégie mortelle des spéculateurs" et autres "prédateurs" qui auraient déclaré la "guerre" aux Etats-nations.
"Des structures financières devenues géantes et malveillantes cherchent pour leur profit, le désordre économique", résume-t-il dans une interview à l'édition dominicale du Parisien/Aujourd'hui en France.