Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, s'est dit jeudi "surpris" par la décision "unilatérale" de l'Allemagne d'interdire certaines ventes à découvert, sans concertation avec ses partenaires européens.
"La décision allemande m'a surpris puisqu'elle ne fut pas préalablement discutée avec les autres membres de l'Eurogroupe", a déclaré M. Juncker lors d'un entretien à l'AFP en marge d'une conférence à Tokyo.
"Je persiste à croire qu'une bonne coordination des politiques économiques aurait voulu que nous nous entretenions préalablement à la prise de décision. Et donc demain à Bruxelles, elle sera sans aucun doute à l'ordre du jour" d'une réunion des ministres des Finances de l'Union européenne (UE), a-t-il ajouté.
Il a souligné que les responsables de l'Eurogroupe discutaient "de ce genre d'interdiction depuis des mois". J'aurais voulu que nous terminions d'abord un débat avant de le clore par une décision unilatérale de l'Allemagne", a-t-il regretté.
L'Autorité allemande des marchés financiers (Bafin) a annoncé mardi soir l'interdiction de certaines ventes à découvert portant notamment sur les emprunts d'Etats de la zone euro, et ce jusqu'au 31 mars 2011. Les ventes dites à découvert permettent à des opérateurs de marchés boursiers, grâce à des mécanismes financiers sophistiqués, de vendre des titres qu'ils ne possèdent pas encore, avec l'espoir de les racheter à un moindre prix.
"Je ne critique pas pour autant la décision allemande, mais j'aurais voulu qu'elle soit prise dans de bonnes conditions de coordination", a toutefois précisé M. Juncker.
Réagissant jeudi, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a aussi déploré l'absence "de concertation préalable".
Le président de la Commission européenne, José Barroso, a en revanche apporté un soutien appuyé à la décision de la Bafin, se disant "d'accord avec l'Allemagne sur la nécessité de freiner l'utilisation abusive des ventes à découvert".