Le marché automobile français a plongé en janvier, victime de faibles commandes et d'une comparaison défavorable avec le début d'année de 2011 où il avait encore été soutenu par la prime à la casse.
Les immatriculations ont chuté de 20,7% en données brutes à 147.143 unités, selon le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). A nombre de jours ouvrables comparables, le recul est encore plus marqué, à 24,3%.
La dégringolade est spectaculaire pour les deux constructeurs français. Les immatriculations de PSA Peugeot Citroën se sont effondrées de 27,4% (30% pour la marque Peugeot et 25% pour Citroën) et celles du groupe Renault de 32,7% (-37% pour la marque Renault et -10,5% pour la marque low cost Dacia).
"On se compare au mois de janvier 2011 qui avait été le plus élevé depuis dix ans" avec plus de 185.000 voitures neuves vendues, tempère un porte-parole du CCFA.
La prime à la casse, mise en place par le gouvernement pour soutenir les ventes pendant la crise, avait été réduite progressivement avant de disparaître complètement au 31 décembre 2010. Mais elle portait sur les voitures achetées jusqu'à cette date et livrées jusqu'à fin mars 2011.
Pour autant, le contrecoup de sa disparition ne suffit pas à expliquer seul le plongeon du mois dernier. "On sait que les commandes (de voitures neuves, ndlr) ont été faibles en décembre, ce qui se traduit dans les immatriculations", indique le porte-parole du CCFA, qui avertit que le premier trimestre devrait être difficile.
Concernant les commandes du mois de janvier, "elles ont été stables par rapport à l'an dernier" pour Renault, indique son directeur commercial France Bernard Cambier. La marque Peugeot en revanche a connu une hausse de 20%, selon le directeur de Peugeot France, Olivier Veyrier.
Pour faire face à ces vents contraires, PSA a déjà prévu une semaine de chômage partiel en février ou en mars pour plus de 20.000 de ses salariés afin de diminuer les stocks.
Guerre des prix jusqu'à quand ?
Les constructeurs allemands, champions du haut de gamme, n'ont pas ce problème. Leurs immatriculations ont augmenté en janvier, de 18% pour le groupe Volkswagen, de 16% pour BMW. Seul le groupe Mercedes s'essouffle (+0,8%), à cause de la contre-performance de sa marque Smart (-26%).
Les ventes du japonais Nissan ont également progressé, tandis que celles des américains Ford, General Motors, du japonais Toyota, de l'italien Fiat et du coréen Hyundai ont décru.
Pour relancer leurs ventes, les groupes risquent de poursuivre la guerre des prix à laquelle ils se livrent depuis plusieurs mois.
Mais "les constructeurs ne peuvent pas continuer durablement à avoir des marges qui se dégradent", avertit le président du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) Patrick Bailly.
Dans ce contexte, "les lancements des nouveaux modèles des constructeurs français, la 208 pour PSA et la nouvelle Clio pour Renault, auront une importance considérable", avertit Flavien Neuvy, responsable de l'observatoire Cetelem.
La Peugeot 208 sera commercialisée au printemps. La Clio IV fera son apparition dans les concessions à l'automne. Renault table aussi sur le futur monospace de Dacia, le Lodgy.
"C'est le coeur de leur gamme et des ventes", souligne encore M. Neuvy, pour qui ces voitures pourraient permettre aux français de relancer les ventes aux particuliers qui ne cessent de baisser, contrairement à celles aux entreprises.
Les immatriculations de véhicules utilitaires légers, spécialité des constructeurs français, se sont mieux tenues, avec un recul de 2,5% en données brutes à 32.707 unités.