Le gouvernement allemand est resté évasif vendredi sur une éventuelle candidature du ministre des Finances Wolfgang Schäuble pour prendre la tête de l'Eurogroupe.
M. Schäuble "est un excellent ministre des Finances et il joue un rôle important" dans ce groupe qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, a dit la chancelière Angela Merkel à Munich (sud) lors d'une conférence de presse.
L'actuel patron de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, dont le mandat expire en juin, a fait savoir qu'il ne voulait pas rester en poste.
"Une série de nominations nous attend "en Europe, a dit Mme Merkel, qui a ajouté qu'elle ne "voulait pas commenter" l'une ou l'autre.
"Nous n'avons pas de position arrêtée", avait un peu avant déclaré Steffen Seibert, son porte-parole, lors d'une conférence de presse régulière à Berlin.
Il a indiqué que lorsque la question de la succession éventuelle se poserait, le gouvernement engagerait "des consultations" de nature "confidentielle".
Selon un diplomate européen proche des discussions interrogé par l'AFP, Mme Merkel a "sondé" ses partenaires européens sur les chances de son ministre pour prendre la succession du Luxembourgeois.
Cette source a toutefois précisé que "tout (restait) ouvert".
Ministre des Finances d'un pays noté "triple A", expérimenté, respecté et influent, M. Schäuble, 69 ans, "a les meilleures cartes" pour présider ce groupe qui réunit les ministres des Finances de la zone euro, assure toutefois le Financial Times Deutschland dans un article vendredi.
M. Schäuble lui-même, qui présentait vendredi le bilan 2011 des douanes allemandes à Berlin, a jugé que ces spéculations étaient "parfois intéressantes pour la presse" mais refusé d'en dire plus, en déclarant : "Nous avons d'autres préoccupations".
"Si M. Juncker ne devait plus être disponible (pour ce poste à la fin de son mandat en juin), nous nous occuperons rapidement de cette question et c'est tout (ce qu'il y a à dire) pour aujourd'hui", a-t-il conclu.
"Nous ne commentons pas les processus de nomination", a fait savoir pour sa part un porte-parole du ministère allemand des Finances.
Plusieurs nominations de haut rang sont attendues en Europe, avec dans certains cas des Allemands en lice. Outre la présidence de l'Eurogroupe, il s'agit de désigner les présidents du fonds de secours européen MES ou encore de la Banque européenne pour la reconstruction (BERD), ainsi que de pourvoir un poste à la Banque centrale européenne (BCE).
La décision finale sur l'Eurogroupe pourrait être reportée après l'élection présidentielle en France en mai, selon le FTD.
Le président français Nicolas Sarkozy n'a pas encore donné son consentement, redoutant que la position allemande ne devienne "trop puissante", selon des sources proches de l'Eurogroupe citées par le quotidien.
"Les Allemands ne pourront tout avoir, ils vont devoir renoncer à certains postes", a dit la source européenne interrogée par l'AFP.
Le chef du gouvernement italien Mario Monti s'est récemment dit trop occupé pour assumer la présidence de l'Eurogroupe, et le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen aurait également décliné l'offre, selon le journal.
Si M. Juncker a estimé qu'il vaudrait mieux à l'avenir que le chef de l'Eurogroupe soit déchargé de tout autre mandat national, l'Allemagne juge au contraire qu'il vaudrait mieux que cette responsabilité reste réservée à un ministre en exercice, a rappelé le porte-parole du ministère des Finances.
Les prochaines élections législatives en Allemagne sont prévues à l'automne 2013.