Le principal constructeur d'automobiles japonais, Toyota, a annoncé vendredi qu'il prévoyait une baisse de ses profits en 2011/12 à cause des conséquences du séisme sur l'économie nippone, bien qu'il espère produire davantage de véhicules au Japon et dans le monde.
Sur l'ensemble de l'exercice du 1er avril 2011 au 31 mars 2012, le groupe espère dégager un bénéfice net de 280 milliards de yens (2,4 milliards d'euros au cours actuel), en baisse de 31%, et un bénéfice d'exploitation de 300 milliards de yens (2,6 milliards d'euros), en retrait de 36%.
Le constructeur a mis en avant une progression redoutée du yen face au dollar et les bénéfices exceptionnels dégagés par ses filiales financières en 2010/11, difficiles à renouveler, pour expliquer ces résultats en retrait d'une année sur l'autre.
Mais le groupe doit surtout redoubler d'efforts pour relancer ses chaînes d'assemblage entravées par une pénurie de pièces détachées au Japon, consécutive aux dommages subis par ses fournisseurs dans le nord-est touché par le tremblement de terre de magnitude 9 et le tsunami géant du 11 mars.
Il pense que ces perturbations vont sabrer sa production annuelle de quelque 450.000 véhicules, amputant son bénéfice d'exploitation de 360 milliards de yens (3,1 milliards d'euros, au taux de change retenu en moyenne par Toyota pour l'ensemble de l'année).
La firme basée dans la région de Nagoya (centre du Japon) s'attend à un premier semestre particulièrement difficile. En avril, elle n'a ainsi pu assembler au Japon qu'à peine 20% du nombre de véhicules sortis de ses chaînes l'an passé à la même époque, et 75% à l'étranger.
Ces proportions sont toutefois déjà passées en juin à 90% pour le Japon et entre 70% et 100% à l'étranger, grâce à reprise plus rapide que prévu de l'activité de ses sous-traitants. A partir de novembre, Toyota pense que ses usines produiront partout à 100%, et souvent davantage pour rattraper le retard.
Au final, le groupe pense pouvoir augmenter sa production mondiale de véhicules, de 7,342 millions lors de l'année budgétaire passée à 7,390 millions pour l'ensemble de l'exercice en cours (pour les marques Toyota et Lexus, sans compter les filiales poids-lourds Hino et mini-véhicules Daihatsu).
Un effritement de ses ventes mondiales de voitures devrait toutefois abaisser de 2% son chiffre d'affaires annuel, à 18.600 milliards de yens (160 milliards d'euros).
"Les dommages provoqués par le tremblement de terre dans le nord-est du Japon ont été importants et étendus et vont continuer d'affecter l'économie nippone, ce qui affaiblira sa reprise", a expliqué Toyota dans un communiqué.
A l'étranger, le groupe a évoqué "différents risques" pouvant dissuader les consommateurs d'acheter des voitures, comme "la hausse des prix du pétrole et le taux élevé du chômage aux Etats-Unis et en Europe".
Ces ventes mitigées devraient faire perdre à Toyota sa place de numéro un mondial des ventes d'automobile, qu'il a conservé de justesse en 2010 devant General Motors. Le constructeur américain lui est déjà passé devant lors du premier trimestre 2011.
"La place de numéro un mondial n'a aucune importance", a assuré un vice-président du groupe japonais, Satoshi Ozawa, lors d'une conférence de presse, répétant un credo largement répété ces dernières années.
Il a mis en avant la nécessité de fabriquer des voitures de qualité, alors que le groupe a dû rappeler près de 9 millions de véhicules dans le monde fin 2009 et début 2010 à cause de divers défauts techniques, notamment des pédales d'accélération pouvant rester bloquées en position enfoncées.
Le groupe avait publié ses résultats financiers 2010/11 le 11 mai. En raison de la situation exceptionnelle provoquée par la catastrophe au Japon, il avait dû toutefois reporter l'annonce de ses prévisions 2011/12 divulguées vendredi.