Depuis 2000, l'Etat a perdu 100 milliards d'euros de recettes fiscales, dont deux tiers au titre des baisses d'impôts, affirme lundi Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, dans un entretien aux Echos.
Ces baisses d'impôts n'ont pas "été compensées par une baisse des dépenses", poursuit Gilles Carrez, en souhaitant désormais "inverser la tendance".
Dans un communiqué, le député PS Pierre-Alain Muet a estimé que M. Carrez faisait "un amalgame entre les allégements fiscaux réalisés depuis 2000 par la gauche et par la droite" pour "tenter d'exonérer les gouvernements de droite de leur responsabilité dans le déficit actuel des finances publiques".
"Le rapporteur général du Budget oublie une chose: c'est que la gauche a réduit les déficits avant de réduire les impôts", ajoute M. Muet.
Alors que s'ouvre mardi à l'Assemblée le débat d'orientation budgétaire, Gilles Carrez appelle à des "choix difficiles mais nécessaires". Il suggère, par exemple, le gel systématique des prestations comme les aides au logement ou la restriction des hausses de primes pour les fonctionnaires.
Pour lui, l'effort de réduction des niches fiscales et sociales doit être porté à 10 milliards d'euros dès 2011.
Le gouvernement vise désormais "au moins" 8,5 milliards d'économies dès 2011 en rabotant les niches fiscales.
Pour Gilles Carrez, l'"effort doit porter sur l'ensemble des impôts" afin que "le coup de rabot de 10%" s'applique "sur l'assiette la plus large possible".
Il suggère notamment un relèvement de certains taux réduits de TVA, avec le passage de 5,5% à 10% ou 12% pour l'hôtellerie, la restauration et l'achat de matériaux de rénovation.
"Au total, c'est (...) un effort sur les recettes fiscales et sociales de l'ordre de 15 milliards d'euros qui est nécessaire pour démontrer notre détermination à réduire les déficits publics et la dette", estime-t-il.
Les différents ministères recevront ce lundi, ou mardi, les lettres de Matignon leur précisant quels crédits leur seront alloués de 2011 à 2013.
Le gouvernement a récemment préparé les esprits à la rigueur. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a ainsi affirmé dimanche que la politique française de sortie de crise était un mélange de "rigueur" et de "relance", qu'elle a résumé par le néologisme "ri-lance".