Les réformes engagées en France et en Italie sont insuffisantes, juge la chancelière allemande Angela Merkel dans une interview à paraître dimanche, une semaine après le répit accordé par Bruxelles aux deux pays pour améliorer leurs finances.
La Commission européenne "a établi un calendrier selon lequel la France et l'Italie devront présenter des mesures supplémentaires. C'est justifié car les deux pays se trouvent effectivement dans un processus de réformes", a déclaré Mme Merkel au quotidien conservateur Die Welt, selon des extraits diffusés à l'avance.
"Mais la Commission a aussi dit de façon claire que ce qui est jusqu'à présent sur la table n'est pas encore suffisant. Ce avec quoi je suis d'accord", a ajouté la chancelière conservatrice.
Cet entretien est publié deux jours avant la réélection attendue de Mme Merkel à la tête de son parti CDU, dont les militants sont extrêmement sensibles au discours de rigueur de celle qui dirige depuis neuf ans la première économie européenne.
Il y a une semaine, la Commission européenne a accordé un dernier répit à Paris et à Rome, en renvoyant au printemps son verdict sur leurs budgets 2015 mais en exigeant plus d'efforts pour améliorer leurs finances publiques, sous peine de sanctions.
La France et l'Italie ont un déficit ou une dette qui ne respecte pas les limites fixées et leurs projets de budget 2015 présentent donc "un risque de non-conformité" avec les règles européennes, avait souligné Bruxelles. Cela les expose à terme à des sanctions financières, un scénario encore inédit.
Irritée par les déficits publics français trop élevés, l'Allemagne a multiplié les coups de griffe contre Paris ces dernières semaines, signe de vives tensions franco-allemandes sur fond de discussions sur le budget français et de différends sur la politique économique. Berlin a pris garde de ne pas apparaître publiquement dans le débat jusqu'à présent.
En dépit de plusieurs initiatives et rencontres ministérielles franco-allemandes, les lignes de fractures ne semblent pas avoir beaucoup bougé entre les deux capitales, Paris réclamant un soutien franc de son partenaire allemand à la croissance, et Berlin insistant sur les réformes et le sérieux budgétaire.