Apple a annoncé mardi le premier recul de son bénéfice net en près de dix ans, mais a promis à ses actionnaires une cagnotte de 100 milliards de dollars pour faire passer la pilule et peut-être enrayer la chute "frustrante" de son cours de Bourse ces derniers mois.
Entre janvier et fin mars, le bénéfice net du groupe informatique américain a plongé de 18%, atteignant le niveau néanmoins encore très respectable de 9,5 milliards de dollars.
Le dernier recul du bénéfice remontait à avril-juin 2003, et son montant était à l'époque sans comparaison, seulement 32 millions de dollars.
Apple a parallèlement annoncé qu'il reverserait 100 milliards de dollars en deux ans et demi à ses actionnaires, augmentant ainsi de 55 milliards un programme annoncé l'an dernier.
Cela passera par ce que le groupe décrit comme "la plus importante autorisation de rachat d'actions de l'histoire", d'un montant total porté à 60 milliards de dollars, et une hausse de 15% du dividende.
"Nous générons des liquidités en excès par rapport à nos besoins", a commenté le directeur général, Tim Cook, lors de la traditionnelle conférence avec les analystes.
Mais Apple cède surtout aux pressions du marché.
Un fonds activiste lui a reproché de ne pas faire assez profiter ses actionnaires de sa masse énorme de liquidités --elles atteignaient 145 milliards fin mars.
La mesure est aussi une tentative pour redresser le cours de Bourse, tombé depuis septembre d'environ 700 dollars à 400 dollars, une évolution que Tim Cook lui-même a jugé "frustrante".
"Nous savons que nous n'avons pas répondu aux attentes de tout le monde", a-t-il concédé: "notre taux de croissance a ralenti et nos marges ont baissé, comparé au niveau exceptionnellement haut de 2012".
"D'incroyables nouveaux appareils"
Le pari a semblé brièvement fonctionner. Dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, l'action Apple a engrangé dans un premier temps jusqu'à 5% de hausse, mais a assez vite annulé ses gains. Elle perdait 0,23% à 405,20 dollars à 23H10 GMT.
Alors que le marché avait anticipé un véritable désastre au deuxième trimestre de son exercice, les ventes d'iPhone et d'iPad ont mieux résisté que prévu.
Apple en a écoulé respectivement 37,4 millions et 19,5 millions, soit des hausses de 7% et 65% sur un an.
C'est inférieur aux niveaux record du trimestre précédent, où les ventes de Noël avaient permis au groupe de vendre 47,8 millions de smartphones et 22,9 millions de tablettes. Mais beaucoup d'analystes s'attendaient à pire après des résultats décevants de certains sous-traitants, et alors que s'intensifie la concurrence des smartphones et tablettes utilisant Android, le logiciel mobile du rival Google.
Le chiffre d'affaires a progressé de 11% à 43,6 milliards de dollars, au-dessus de ce qu'attendaient les analystes.
Apple dit en revanche n'attendre qu'un chiffre d'affaires de 33,5 à 35,5 milliards de dollars pour le trimestre en cours, une déception pour le marché qui espérait 39,34 milliards, et s'attend à une nouvelle baisse de ses marges.
"Apple reste très fort", a affirmé Tim Cook, insistant sur la fidélité des clients et la force de l'écosystème constitué entre autres par ses boutiques en ligne iTunes et AppStore.
Il s'est dit "très confiant dans le portefeuille de produits en préparation", promettant "d'incroyables nouveaux appareils, logiciels et services (...) cet automne et tout au long de 2014".
Apple devrait sortir des versions modernisées de l'iPhone et de l'iPad. Mais les spéculations courent aussi sur un iPhone moins cher pour les pays émergents, une montre, une offensive dans la télévision ou un service de radio sur internet.